C’est à l’Assemblée législative de l’Ontario que le commissaire aux services en français, François Boileau, a présenté son rapport annuel intitulé La parole aux sans-voix, le jeudi 4 juin. Devant de nombreux journalistes et de députés, le commissaire a défendu plus que jamais les droits d’accès des francophones en Ontario aux services en français.

François Boileau s’est appuyé sur quelques cas et témoignages poignants de manquements dans l’offre des services en français pour appuyer son constat. Durant l’année 2014-2015, son Bureau a reçu 379 plaintes, dont 285 recevables, soit plus d’une plainte par jour ouvrable. Au total, depuis la création de son poste en 2007, le Commissariat aux services en français a reçu plus de 2500 plaintes. Un chiffre trop important pour être ignoré, et qui montre que de nombreux secteurs sont touchés par ces manquements, avec en tête de liste la santé, la justice, la jeunesse, la population âgée et l’immigration.

Le commissaire a exposé des cas non isolés de familles qui se retrouvent dans l’impasse, lorsqu’en amenant leur enfant à l’hôpital ou chez le médecin, ils ne peuvent pas se faire comprendre. À cause du manquement aux services en français, « il y a encore des personnes qui ont peur d’appeler le commissariat », regrette François Boileau. Il insiste sur la confusion souvent faite par le gouvernement, qui montre qu’au-delà de traduire des dépliants ou des communiqués en français, le gouvernement doit se concentrer sur une tâche essentielle : trouver des personnes compétentes et qualifiées pour répondre à la demande des services en français dans les secteurs concernés. 

Parmi les nombreuses recommandations du commissaire pour améliorer l’offre et la qualité des services en français en Ontario, seul celle sur l’accès à la justice qui a fait de réels progrès avec le lancement récent d’un projet pilote au Palais de Justice à Ottawa. Trois protocoles d’entente ont été établis en collaboration avec le Barreau du Haut-Canada, Élections Ontario ainsi qu’avec le Commissariat aux langues officielles du Canada et TO2015. 

Pour le reste, la mise en place d’un comité permanent sur les services en français à l’Assemblée législative est fait toujours l’objectif de discussions. Quant au rapport annuel complet et pertinent de l’Office des affaires francophones à l’Assemblée législative, le commissaire attend toujours que cela soit fait. Enfin, le gouvernement se montre favorable à la création d’un groupe d’experts en matière d’immigration francophone, pour atteindre la cible de 5 %. Dans le domaine de la santé, certaines enquêtes sont à surveiller, notamment celles sur la gouvernance du Centre Jules-Léger et des services désignés à l’Hôpital général de Penetanguishene. 

À la fin de la conférence de presse, le commissaire Boileau a encouragé les francophones de la province à déposer une plainte dès qu’ils ne sont pas satisfaits du service fourni en français en Ontario. « Au quotidien, des gens choisissent de garder le silence et de ne pas se plaindre, soutient le commissaire. Ils demeurent sans voix en ne réclamant pas leurs services en français. La répercussion est directe pour les plaignants et leur famille. Mais elle l’est aussi pour le gouvernement; il n’y a que des coûts additionnels à des ratés en matière d’offre et de services en français. » 

L’année 2016 marquera le 30e anniversaire de la Loi sur les services en français, et le commissaire espère que d’ici là de nombreux changements auront été effectués. Pour plus d’information sur le rapport : csfontario.ca, sous la section « publications ».

Photo : François Boileau