La Marche des femmes de Toronto a eu lieu le samedi 20 janvier et a rassemblé des milliers de manifestants venus promouvoir le droit des femmes au Canada et dans le monde. Tous les participants – majoritairement des femmes – se sont retrouvés à la place Nathan Phillips, devant l’hôtel de ville.

Le Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones (MOFIF) avait répondu présent à l’appel. Pour cette poignée de femmes francophones, c’était essentiel d’y être, et ce, pour différentes raisons.

Fayza Abdallaoui, présidente de l’organisme explique : « Cette lutte s’est beaucoup passée derrière les médias sociaux. C’est important de participer à cette marche, d’être visible, de témoigner, de faire partie de ce mouvement et de parler entre nous de tout ce qu’on doit faire maintenant ».

Falonne Shimba, travailleuse au Conseil scolaire Viamonde, raconte : « Je viens du Congo et en ce moment il y a un génocide qui se passe en silence. Les femmes sont violées et ça ne passe pas dans les nouvelles. Je voulais être là aujourd’hui pour être une voix pour ces femmes dont on ne parle pas ».

Ines Benzaghou réplique : « En tant que maman d’une fille, je n’ai pas envie qu’un jour elle ait à dire moi aussi. Je constate que les femmes mêmes au Canada n’ont pas les mêmes échelles salariales que les hommes ».

Cette deuxième édition de la Marche des femmes était organisée partout dans le monde et notamment aux États-Unis (Washington, Los Angeles, etc.) et en Europe (Paris, Londres, etc.). La première manifestation avait eu lieu à Washington le 21 janvier 2017, au lendemain de l’inauguration de Donal Trump à la présidence des États-Unis.

Si les femmes manifestent aujourd’hui, c’est qu’il y a encore du travail à faire concernant les droits des femmes et la place de ces dernières dans la société. À l’heure actuelle, deux sujets sont largement traités : le harcèlement sexuel qui a fait couler beaucoup d’encre suite à l’affaire Harvey Weinstein et l’égalité homme-femme.

« Je suis électricienne et je suis syndiquée. Je gagne donc le même salaire que les hommes, mais je pense que toutes les femmes devraient avoir cette même chance. À travail égal, salaire égal », fait valoir Martine Sévigny-Lamont.

D’autres sujets telle l’objectivation de la femme dans les magazines ou sur l’affichage urbain par exemple préoccupe Ines Benzaghou. « Dans la rue, on voit des affiches avec des femmes à moitié nues. Les garçons, les hommes peuvent donc avoir cette image que la femme est quelque chose à consommer, un objet » confie-t-elle.

Que faut-il faire pour changer les choses? Des francophones présentes donnent quelques éléments de réponse. Cela passe par l’éducation des enfants pour Dada Gasirabo, directrice générale d’Oasis Centre des femmes. « Si nous n’apprenons pas à nos enfants que l’agression sexuelle n’est pas tolérable, ils vont continuer à le faire. J’ai l’espoir que ce Mouvement change nos enfants ».

Pour ces femmes, il faut aussi respecter les lois. « Il faut de l’éducation, de la revendication, des échanges, de l’écoute, du service. C’est également important que les lois soient rappelées et c’est aujourd’hui à la justice de prendre le relais pour remettre le cadre dans tout ça », a ajouté Fayza Abdallaoui.

Ces témoignages le montrent, les femmes avaient différentes raisons pour participer à cette Marche. En revanche, elles manifestaient toutes pour la cause de la femme, pour que leurs droits soient respectés et ce où qu’elles se trouvent dans le monde.

Ce groupe de femmes envisage l’avenir avec optimisme. « Il y a un grand engouement avec « MoiAussi ». On ne pensait pas que ça allait arriver. Tout le monde parle de ce mouvement. On a le soutien de beaucoup d’hommes. Je pense que les choses vont changer », conclut la présidente du MOFIF

« J’ai beaucoup d’espoir que nos fils et nos filles vont en bénéficier », renchérit Dada Gasirabo. Une attitude positive malgré tout le travail qui reste encore à accomplir, et les femmes en sont conscientes. Les choses ne changeront pas du jour au lendemain.

PHOTO – De gauche à droite : Falonne Shimba, Dada Gasirabo, Ines Benzaghou et Fayza Abdallaoui