Animée par Serge Paul, président de l’ACFO-Toronto, une séance virtuelle de questions-réponses a mis le maire de la métropole canadienne, John Tory, sur la sellette. En effet, invité par l’organisme à répondre aux interrogations de la communauté francophone, le maire Tory s’est prononcé pendant une heure le 24 juillet dernier sur une variété de sujets qui, dans bien des cas, touchaient aux conséquences de la pandémie.
Le français a dominé les échanges et c’est dans cette langue que M. Tory a, d’entrée de jeu, fait le point sur la situation : « Il va sans dire que les derniers mois ont été assez difficiles pour tous les citoyens. La crise de la COVID-19 a largement affecté nos vies ainsi que les secteurs sociaux, culturels et économiques de notre ville et a aussi exacerbé les inégalités qui existent au sein de notre société. Grâce au soutien de nombreux organismes communautaires telle que l’ACFO, la ville a su répondre aux besoins des résidents et surtout ceux qui sont les plus vulnérables. Je suis fier de nos efforts comme communauté et gouvernement municipal, de comment nous avons répondu aux problèmes et aux défis des citoyens plus vulnérables. »
Le maire a conclu par quelques mots sur les préoccupations entourant le racisme, un sujet qui devait revenir plus tard au cours de la session.
En ce qui concerne la pandémie, certains voulaient savoir quand rouvriront les centres communautaires et les piscines extérieures et s’il serait possible pour la ville de créer des camps d’été en français. Sur ce dernier point, M. Tory s’est montré réceptif mais, tout en reconnaissant la place spéciale du français au Canada, s’est inquiété que toutes les minorités linguistiques puissent à leur tour demander des camps. Cette éventuelle explosion des revendications linguistiques est aussi ce qui a conduit le maire à se montrer timoré sur la possibilité de traduire systématiquement en français l’information sur la COVID-19.
Les réponses du premier magistrat de la ville se sont faites plus précises en ce qui touche au soutien des femmes, affectées de diverses façons par la pandémie. La municipalité est en contact avec les deux gouvernements afin de recevoir des fonds pour les services de garde qui faciliteront le retour sur le marché du travail de plusieurs femmes. Dans le même ordre d’idées, l’ouverture des écoles, en septembre, pourrait bénéficier de la collaboration de la ville qui s’est dit prête à mettre ses espaces, notamment les centres communautaires, à la disposition du système scolaire, ce qui permettrait de réduire le nombre d’élèves par classe et ainsi faciliter la distanciation sociale.
Sur le plan de la reconstruction économique, le maire Tory a invité les organismes et les artistes francophones à lui faire connaître leurs besoins et suggestions et Serge Paul a dit que l’ACFO fera un suivi à ce propos.
La sécurité publique a retenu l’attention de plusieurs internautes dans le présent contexte où les méthodes de la police sont remises en question. L’utilité des caméras d’intervention (souvent appelées bodycams) a été défendue par John Tory qui a d’ailleurs souligné que cet équipement était, il n’y a pas si longtemps, réclamé de certains militants qui se plaignent à présent de l’augmentation du budget accordé à la police, comme si outiller les policiers ne devrait rien coûter.
M. Tory a cependant ajouté qu’il est raisonnable de proposer qu’une part du financement alloué à la police soit redirigée vers d’autres services d’intervention d’urgence. Cela dit, bien que la police ne doive pas être épargnée des critiques qui sont fondées, il ne faut pas oublier, a rappelé le maire, qu’un policier peut parfois être obligé de s’immiscer dans une situation qui n’est pas nécessairement de son ressort tout simplement parce qu’aucun autre professionnel n’est disponible à ce moment-là. C’est donc l’entièreté du système d’intervention qu’il faudrait revoir.
Les préoccupations entourant la police sont souvent liées aux problématiques raciales. Dans la foulée de ses commentaires sur les services policiers, M. Tory a été amené à parler des rencontres qui ont eu lieu avec des représentants de plusieurs minorités ethniques afin de faire en sorte que la jeunesse issue de ces communautés ait accès aux mêmes opportunités que le reste de la population.
De nombreux autres sujets ont été abordés par John Tory à l’invitation des participants à la rencontre : promotion des services offerts en français par la Ville, rues réservées aux piétons pendant la belle saison, transport en commun, ajout de lits pour les francophones à Bendale Acres, etc.
Quelques mots de Tudor Alexis ont fermé cette discussion virtuelle. Le consul général de France à Toronto a levé son chapeau aux valeurs d’ouverture et au cosmopolitisme qui caractérisent la Ville reine d’aujourd’hui et qui permettent ce genre de discussion franche entre le maire et ses concitoyens.
PHOTO : John Tory