Parvenir à interpréter Théâtre Sans Animaux n’est pas une mince affaire. Récipiendaire du prix Molière en 2002, dans la catégorie du Meilleur spectacle comique, cette pièce a inspiré le jeune metteur en scène Jean-Nicolas Masson qui a fait appel à une dizaine de comédiens, tous issus du Lycée Français de Toronto.
L’amphithéâtre situé au sous-sol de la bibliothèque Palmerston accueillait les deux représentations ayant eu lieu les 27 et 28 février. Pour la première, 70 personnes environ occupaient l’espace, accentuant ainsi la pression sur la bande d’adolescents, qui ne se sont pas laissés impressionner pour autant. Parmi le public, beaucoup de camarades des acteurs, quelques enseignants, des amateurs de comédie ainsi que plusieurs membres de la communauté francophone, ayant participé de près ou de loin au projet. Après une présentation inspirée de M. Masson, place au 6e art. Au programme : quatre sketches du genre absurde, écrits par le dramaturge Jean-Michel Ribes et mis à la sauce franco-torontoise.
Deux personnages sont en général présents sur les planches et les thèmes abordés sont inattendus : une tomate qui tombe amoureuse d’un policier, une coiffeuse invitée à révolutionner le monde, un homme qui ne souhaite pas complimenter sa belle-sœur et deux frères dissertant sur l’ascension intellectuelle. Entre chaque saynète, un danseur arborant un masque de singe se déhanche pendant que le décor se met en place pour les suivants. Le spectateur se laisse prendre au jeu et le potentiel comique des différents dialogues est indiscutable. Ça râle, ça sautille, ça geint, ça rêve et ça se moque, sans jamais tomber dans la facilité. Les acteurs ont quant à eux bien intégré leur rôle et déploient sur scène une vigueur bienvenue qui rythme toute la séance. Bien sûr, certaines fausses notes se sont invitées ici et là : hésitations sur une petite partie de texte, mauvaise musique lors d’une transition… mais rien de dramatique pour des comédiens et un « chef d’orchestre » de cet âge, qui ont largement rempli leur rôle et provoqué l’hilarité de leur auditoire à maintes reprises. Ainsi, Ithier de Carbonnières, Matthieu Roux, Matej Dlabl, Charlotte Guis, Cécile Dadi, Émily Million, Maxence Vercoustre, Coline Magnée, Laure-Albane Valade et Nathaniel Attal ont fait honneur à Théâtre Sans Animaux, et il faut espérer que certains d’entre eux poursuivent la pratique théâtrale, car le potentiel et le talent sont bien là.
« Le Lycée Français de Toronto revient sur scène après six ans d’absence », annonce Jean-Nicolas Masson avant d’ajouter que tout ce petit monde répète depuis le mois d’octobre. La troupe Les Improbables ainsi que CHOQ FM et le Franc’Open Mic ont tous trois soutenu ce retour à l’art dramatique, avec raison.
Photo: la troupe du Théâtre Sans Animaux