Le Livre blanc est en réalité vert! Il s’agit de 36 pages traitant du vieillissement des francophones en Ontario présentées, pour la première fois, le 30 septembre dernier dans les locaux de Centres d’Accueil Héritage à Toronto.

Fruit d’une collaboration entre l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO), ce livre met à nu les inégalités aberrantes dont souffrent les aînés francophones de la province, et ce, en se basant sur des données glanées sur le terrain.

On peut y lire que « les francophones de 65 ans et plus en Ontario sont plus nombreux que l’ensemble de la population totale à être susceptibles de vivre seuls » ou que «  le revenu moyen des francophones de 65 ans et plus en Ontario est près de 4686 $/année de moins que chez les anglophones » ou, plus flagrant encore, qu’« un lit (de soins de longue durée) désigné par 3400 francophones comparé à la moyenne générale d’un lit pour 170 Ontariens ».

Autrement dit, il y a 48 fois moins de lits pour les francophones que pour l’ensemble de la population ontarienne, alors que le gouvernement de l’Ontario est sur le point d’investir pour la création de 30 000 lits dans la décennie à venir.

Justement, le gouvernement, parlons-en! Si vous êtes surpris par ces chiffres, il semble que Raymond Cho, ministre ontarien des Services aux aînés et de l’Accessibilité, l’est aussi. « C’est bien que l’AFO ait publié ce Livre blanc parce qu’après en avoir pris connaissance, il est clair que les aînés francophones de la province ont besoin de services, d’autant plus qu’en Ontario, la communauté francophone est plus âgée que les autres communautés », confie-t-il.

De gauche à droite : Jean-Rock Boutin (FARFO), la députée Daisy Wai, le ministre Raymond Cho, Barbara Ceccarelli (CAH) et Carol Jolin (AFO).

Une coopération entre le politique et la société civile sur laquelle Carol Jolin, président de l’AFO, met l’accent. « C’est bien de montrer les problèmes aux politiques, mais c’est encore mieux de leur désigner les problèmes et leurs solutions. Parfois, on trouve qu’ils ne vont pas assez loin, comme c’est le cas pour ce dossier où il y a encore beaucoup à faire du côté francophone, et on l’a démontré à travers les données qu’on a pu récolter pour ce Livre Blanc. On a des recommandations, comme celle d’augmenter le nombre des lits de longue durée pour nos aînés et on va pousser le gouvernement pour que cela se réalise », déclare-t-il.

De son côté, Jean-Rock Boutin, président de la FARFO, voit l’urgence en amont. « À mon sens, la plus urgente des recommandations est de mener des études au préalable parce qu’il y très peu de données concernant les aînés francophones. Sur la carte de santé par exemple, les francophones ne sont pas comptabilisés en tant que tels. On n’a donc aucune statistique sur le nombre de francophones qui souffrent du cancer ou d’une maladie cardiaque, entre autres. Quel est l’état de santé de la francophonie? C’est une question cruciale à laquelle il faut répondre si on veut optimiser les investissements du gouvernement, y compris géographiquement ».

Pour rappel, 250 000 personnes francophones de 50 ans et plus vivent actuellement en Ontario et, à en croire le président de la FARFO, « une vague d’aînés » est en cours de gestation. Cette « vague » est vraisemblablement les jeunes et les moins jeunes d’aujourd’hui. L’évidence en découle : investir dans le bien-être et la dignité de nos séniors, c’est investir dans le futur! Ce n’est qu’une affaire de temps, tel est le testament!

PHOTO: Centres d’Accueil Héritage accueillait le dévoilement du Livre blanc.

TEXTE: Soufiane Chakkouche