Les prix font partie intégrante de la vie du marché de l’art. Il suffit de penser au plus connu d’entre eux, le Prix Turner de la Tate Modern à Londres qui attire tous les regards chaque année et qui a su mettre à l’honneur des artistes contemporains devenus aujourd’hui de véritables phénomènes. Pour ne citer que lui, Damien Hirst en fut l’un des récipiendaires et placera sur le devant de la scène le mouvement des Young British Artists.

Prix de la photographie AIMIA à l’AGO
Le Musée des beaux-arts de l’Ontario (AGO) s’inscrit dans cette promotion complète de la scène artistique, notamment par le biais du Prix de la photographie AIMIA qu’elle organise depuis 2007.
Le principe est le suivant : quatre artistes internationaux sont sélectionnés par le vote d’un jury pour participer à l’exposition AIMIA. Si c’est un jury qui choisit les artistes, c’est bien le public qui est invité à désigner son vainqueur en votant. En plus de la reconnaissance du public, le grand vainqueur gagne la coquette somme de 50 000 $.

Jimmy Robert entre photographie et performance
Cette année, c’est une palette d’artistes talentueux qui présentent leurs oeuvres. On retrouve Talia Chetrit, Jimmy Robert, Ursula Schulz-Dornburg et Elizabeth Zvonar. L’un d’entre eux a particulièrement attiré l’attention du journal Le Métropolitain.
Jimmy Robert est un artiste pluridisciplinaire, si la photographie est ancrée dans son travail, elle se complète par la sculpture, la vidéo et également la performance.
« Ce sont des supports de représentation qui varient : la vidéo et la photo pour documenter le mouvement. Le corps est figé dans la photographie, mais on sait qu’il y a un avant et qu’il y a un après. Il y a une continuité, une narration », dit l’artiste qui a exposé au Jeu de Paume à Paris et à la galerie Power Plant de Toronto.

« Il fallait que le corps soit en réaction avec l’image pour lui apporter cette dimension physique »
La narration, le langage, des thèmes chers à l’artiste originaire de Guadeloupe et qui ont guidé ses recherches artistiques.
« Le mouvement, le langage, ce sont des formes de communication, d’expression, mentionne-t-il. Peindre des images sont des formes d’expression. Je ne vois pas les choses séparées. Il y a beaucoup de choses qui se retouchent comme un champ lexical pour revenir au langage. »
Alors l’artiste crée des ponts et dialogue avec le spectateur notamment par le biais de la performance, lui qui se rêvait « peut-être au fond » danseur.
« Il y avait toujours quelque chose de frustrant dans l’idée de l’image fixe, poursuit-il. La performance amenait ce rapport au corps. Le toucher est très important, le contact. Il fallait que le corps soit en réaction avec l’image pour lui apporter cette dimension physique, cette dimension émotionnelle. »
Un dialogue entre l’image et son artiste, entre le corps que l’on aimerait toucher et les feuilles de papier roulées, pliées et découpées. Jimmy Robert entraîne le spectateur dans un univers épuré et sculpté.

À découvrir jusqu’au 1er janvier 2017. À noter également, une performance imaginée par l’artiste aura lieu tous les mercredis soirs à l’AGO.

Laurence Stenvot

Prix de la photographie AIMIA, jusqu’au 1er janvier à l’Art Gallery of Ontario

Photo: L’oeuvre de Jimmy Robert de la photographie à la performance – Credits: Courtesy of the AGO