Quels sont les choix des jeunes francophones au moment de se lancer dans les études postsecondaires? Pour quels programmes optent-ils? Dans quel établissement? Dans quelle langue? La distance géographique joue-t-elle un rôle dans ces prises de décisions? Voilà seulement quelques-unes des questions auxquelles s’adresse l’ouvrage L’accès des francophones aux études postsecondaires en Ontario.

Une étude réalisée suite à un symposium sur la participation des francophones aux études postsecondaires
« Dans ce que l’on a présenté, le but était d’essayer de mettre en lumière là où et les jeunes se dirigeaient et qui s’y dirigeait », indique la codirectrice de l’ouvrage, Sylvie A. Lamoureux.
Conduite par cette dernière et le professeur de sociolinguistique à l’Université de Toronto, Normand Labrie, l’étude regroupe une douzaine de textes réalisés à l’occasion d’un symposium portant sur le niveau de participation des francophones aux études postsecondaires et examiné selon différents éclairages tels que la distance géographique, l’aptitude et l’intérêt, la langue d’enseignement et les objectifs de carrière.

« Il y avait des statistiques en fonction des données d’inscription, mais personne ne cherchait à savoir l’histoire derrière les nombres. On souhaite faire ressortir des axes qui méritent d’être étudiés », note la professeure en politique et aménagement linguistique à la Faculté des arts de l’Université d’Ottawa.

Partager les informations
L’étude répond à un manque de données sur la transition aux études postsecondaires et l’expérience étudiante des francophones en Ontario alors que les études sur l’accès à l’éducation postsecondaire en Amérique se multiplient.
« Pendant longtemps les francophones étaient sous-représentés. On ne regardait jamais les groupes minoritaires. Avec le rapport Rae (2005) cela a fait des différences : les données démontraient que les francophones ne participaient pas de la même façon », note la chercheuse.

En prenant comme base l’étude de Normand Labrie, étude qui suivait 40 000 élèves sortis d’écoles de langue française sur une dizaine d’années et retraçant leurs parcours d’étudiants, ainsi que la thèse de doctorat de Sylvie A. Lamoureux – portant sur la trajectoire et l’adaptation d’étudiants du Sud-Ouest ontarien partis dans différents collèges et universités – les deux chercheurs décidaient de réaliser un symposium pour partager les
informations.

« Il y a avait peu de chose, mais il y avait quelques autres études. On a voulu présenter notre étude, mais aussi inviter ceux qui avaient des données empiriques à les présenter », explique M. Labrie, ancien directeur du Centre de recherche en éducation franco-ontarienne.

L’aspect géographique

L’étude s’intéresse de près à l’accès géographique et notamment à la question d’une université franco-ontarienne.
« Sur le plan géographique, l’accès n’est pas là. Le gouvernement dans ses propres études dénombre une offre de programmes non équivalente, précise Mme Lamoureux. Certains vont dire moins de 5 % de la population a accès à 30 % des programmes. Ça ne fonctionne pas comme. Les questions sont très complexes. »

Les deux chercheurs espèrent que cette étude inspirera d’autres recherches, mais encouragera également l’institutionnel à utiliser ces données.
« Il y a eu beaucoup de discours depuis cinq ans, plus de nature politique, sur l’accès au postsecondaire. Notre espoir, c’est que notre livre ramène le débat sur le plan scientifique », note M. Labrie

Le 4 octobre les chercheurs organiseront une table ronde sur l’accès des francophones au études postsecondaires dans le centre-sud-ouest de l’Ontario afin de continuer le débat scientifique.

Laurence Stenvot