Le nouveau ministre des Finances de l’Ontario, Charles Sousa, a déposé le jeudi 2 mai son budget. Cet exercice est toujours un temps fort de la démocratie parlementaire puisque il s’agit pour un gouvernement d’établir ses grandes priorités.

Dans un contexte de gouvernement minoritaire, comme c’est le cas pour celui de Kathleen Wynne, les enjeux sont encore plus considérables. Une défaite de la motion budgétaire peut déclencher des élections provinciales qui auraient lieu vers la fin juin.

À priori, le destin de cette motion est entre les mains du Nouveau Parti démocratique (NPD). « Dans ce budget, il y a de nombreuses concessions à l’opposition et au NPD, indique Alexandre Brassard, politologue au Collège universitaire Glendon. Notamment la baisse de 15 % des primes de l’assurance automobile, qui était une demande du NPD. Mais soyons prudents, le gouvernement n’a pas garanti la réduction, il a fixé une cible. Ce n’est pas encore gagné mais si ça se réalisait, cela signifierait des économie de 250 $ par an et par ménage. » Une mesure surprenante, selon M. Brassard : « Les automobilistes sont déjà aidés par l’État de multiples façons : les stationnements gratuits, l’entretien des routes. Et quand on songe au coût environnemental de l’automobile, on peut être surpris qu’un parti comme le NPD, qui met en avant l’écologie, encourage la conduite des voitures. »

D’un point de vue francophone, ce budget est un peu décevant. « Le budget de l’Office des Affaires francophones passe de 5,2 à 5 millions. Une baisse négligeable qui équivaut à un gel », analyse-t-il. Mais ce qui surprend M. Brassard, « c’est que les mots Franco-Ontariens et francophones n’apparaissent nulle-part dans ce document. Pourtant les francophones sont traditionnellement une des clientèles électorales cibles des libéraux. »

En ce qui concerne le dossier de l’éducation postsecondaire en français, il faut noter l’absence de mention d’une université francophone indépendante dans le Sud-Ouest, alors même que ce projet fait consensus parmi les universitaires francophones, le commissaire aux services en français ou même la ministre Madeleine Meilleur. « Est-ce que c’est enterré quelque part dans les chiffres? Peut-être ce sujet va-t-il ressortir? », fait valoir M. Brassard.

Quoi qu’il en soit, « les francophones semblent être pris pour acquis. Les francophones ne semblent pas ciblés, conclut M. Brassard. Le texte parait un peu inquiétant pour les francophones, mais les débats parlementaires permettraient de corriger le tir. »

Photo : Charles Sousa, ministre ontarien des Finances