L’artiste montréalais Yoakim Bélanger revient à la galerie Thompson-Landry, dans La Distillerie, pour une seconde exposition en solo. Il poursuit son cheminement artistique en se rapprochant de l’abstraction.
« Pas de problèmes pour une interview, en revanche, il faut accepter qu’on soit interrompus », annonce Yoakim Bélanger. D’ailleurs, il fait bien de prévenir, car les admirateurs de l’artiste sont nombreux en ce soir de vernissage, le mercredi 9 octobre à la galerie Thompson-Landry.
Dans l’art de Yoakim Bélanger, le processus créatif et l’œuvre sont intimement liés. Peut-être plus que pour un autre artiste. Formé à l’Université du Québec à Montréal en design graphique et en photographie, il a développé une technique de travail bien particulière. Il prend pour support des plaques de métal récupérées. À l’heure de la consommation jusqu’à l’absurde, cette pratique artistico-éthique est un vent de fraîcheur.
« Ces pièces sont un support organique et vivant. Je l’ai fait par hasard une première fois mais aujourd’hui, c’est une méthode vitale dans mon processus artistique », confiait-il en 2011, lors de sa première venue à Toronto. À l’époque, son travail consistait en une réflexion sur la vie dans l’œuvre, avec une grande réflexion sur le corps humain. Aujourd’hui, l’artiste a évolué et se libère petit à petit de la représentation. Il en fait abstraction pour se consacrer à l’essence de son art. Un art plus abstrait, dans lequel le support prend une place encore plus fondamentale, puisqu’il est exposé au regard du spectateur. En effet, sur certaines œuvres, on voit parfaitement les plaques de métal. « Je me suis dit qu’il fallait que j’assume chacune des étapes de la créations, y compris celles de ces plaques, pas encore transformées », précise l’artiste.
Si l’on retrouve souvent le travail sur les corps humains, typique de Bélanger, dans des compositions où la couleur explose et laisse percer un message fulgurant de beauté et de sensations. La représentativité prend une place de moins en moins importante, jusqu’à laisser place à une abstraction totale. Les lignes de couleurs obtenues à l’aide de ruban adhésif se côtoient, et laissent paraître la lourdeur de la plaque. « Il m’arrive de travailler des jours sur un tableau, et de le jeter car je n’en suis pas satisfait, poursuit-il. Au contraire, parfois, seules quelques heures suffisent à faire une œuvre qui veut dire quelque chose pour moi. » Le rapport entre talent et travail est au cœur de la création. L’un ne va pas sans l’autre. Le travail, sans talent, n’est qu’âpreté et fadeur. Et du talent, Yoakim Bélanger en a à revendre.
Photo : Yoakim Bélanger devant une de ses oeuvres.