On la connaît sous le nom de l’allée Rush, ou encore l’allée Rick-Mercer, nommée ainsi car le célèbre humoriste de la télévision anglaise affectionne l’utiliser comme fond de scène quand il se lance dans une de ses fameuses tirades. Mais c’est peut-être sous le nom de Graffiti Alley que ce bout de ruelle située dans le quartier « branché » de la rue Queen Ouest. Entre les rues Spadina et Portland, les murs des garages et des maisons sont couverts d’immenses murales, un véritable kaléidoscope à la gloire de l’art de la rue.
À l’initiative de la Ville de Toronto, du service de police et du festival North by North East, une vingtaine d’artistes se sont vus charger de prolonger l’allée des graffitis entre les rues Niagara et Tecumseh.
« Ce projet est le troisième de ce genre cette année. D’habitude, nous travaillons plutôt dans les parcs », explique Kristina Hausmanis, chef de projet pour StreetARToronto (StART), un organisme de la ville chargé d’embellir les espaces publics.
La galerie Hermann & Audrey fut choisie comme curateur de l’événement. Du 15 au 22 juin, des muralistes et des graffiteurs triés sur le volet purent donc faire montre de leur talent, soit en créant des œuvres de toute pièce ou bien en restaurant des muraux qui ont été « tagués » au fil du temps.
« Je n’ai pas ce problème. En général, les tagueurs me connaissent et laissent mes peintures tranquilles », affirme Jimmy Chiale, un jeune artiste d’origine parisienne qui habite à Toronto depuis une dizaine d’années. Grandir dans une banlieue de la capitale française, où la vie est difficile pour un jeune homme à la peau noire, ne l’enchantait pas particulièrement. À Toronto, il s’est forgé une réputation en tant qu’artiste. Aujourd’hui, Jimmy Chiale expose ses œuvres dans les cafés et galeries à la mode du quartier Queen Ouest. De temps à autre, on fait aussi appel à lui pour réaliser des murales en extérieur. Jimmy est satisfait de celle qu’il vient de compléter pour le festival. On peut y observer des yeux ici et là, un phénomène récurrent dans bon nombre de ses œuvres.
Quelques portes de garage plus loin, Shaina Kasztelan met la dernière touche à un motif qu’on pourrait facilement retrouver sur le mur d’une chambre de jeune fille. Un peu plus loin, Jon Todd travaille d’arrache-pied pour finir une magnifique murale qui est censé représenter un gigantesque visage fantomatique. Jessica Janda a fait le voyage de Détroit pour participer au projet. Son dessin montre un curieux monsieur qui semble tirer des fils de son front.
L’allée des graffitis vient de s’enrichir d’une toute nouvelle section en l’espace d’une semaine.
Photos : Jessica Janda a fait le voyage de Détroit pour participer au projet. Son dessin montre un curieux monsieur qui semble tirer des fils de son front.