Réunis à Richmond Hill du 23 au 25 octobre, les membres de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ont lancé un appel à la mobilisation. À l’heure où le poids démographique francophone s’effrite, l’organisme veut tracer une nouvelle voie pour assurer l’avenir de la francophonie ontarienne.
Christiane Beaupré – IJL
Le congrès annuel 2025 de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), tenu sous le thème Nous sommes, nous serons, a réuni à Richmond Hill, au nord de Toronto, plusieurs acteurs de l’Ontario français, partenaires institutionnels et bailleurs de fonds. Cette rencontre, organisée quelques semaines après les célébrations du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien, a servi de tremplin aux discussions cruciales sur l’avenir de la francophonie dans la province.
Dans la foulée des consultations menées par l’AFO et la firme PGF Consultants dans le cadre des États généraux, le président Fabien Hébert a ouvert les travaux sur une note d’espoir. « Les avancées dans notre communauté ne sont pas le fruit du hasard, a-t-il déclaré. Elles sont le résultat de plusieurs années de travail, de persévérance et de courage collectif. Elles prouvent que, lorsqu’elle s’organise et innove, la francophonie ontarienne déplace des montagnes. »
Son message optimiste a rapidement laissé place à un constat lucide de la part du directeur général de l’AFO, Peter Hominuk. « Notre communauté francophone a tenu bon pendant des décennies, souvent à contre-courant. Mais aujourd’hui, le sol sous nos pieds change. Si nous voulons continuer d’avancer, il nous faut redéfinir notre trajectoire », a-t-il averti.
Une plénière intitulée Changer ou disparaître? Portrait de la situation de la francophonie en Ontario a donné le ton à cette première journée de réflexion. Animée par les consultants de PGF, Benoît Hubert, Xavier Pierre et Debra Violette, elle a permis de présenter les objectifs des États généraux : brosser un portrait réaliste de la situation, dégager des axes de transformation et élaborer un plan d’action communautaire renouvelé, arrimé à des stratégies régionales.
Le processus s’étalera sur deux ans, de mai 2025 à février 2027. La première phase, en cours, vise à compiler les enjeux prioritaires de la francophonie ontarienne; la seconde portera sur l’élaboration des plans d’action régionaux et provinciaux.
Les consultations déjà menées révèlent un constat unanime : « le statu quo n’est plus possible ». Les études démographiques et les 13 forums régionaux organisés jusqu’à maintenant confirment un recul du poids francophone dans la province. Plus de 70 leaders communautaires ont été interviewés et plus de 2200 francophones et francophiles ont répondu au sondage de l’AFO.
Les participants estiment que la survie de la francophonie passe avant tout par une immigration francophone forte et réussie, capable de contrer le phénomène d’assimilation. Pour maintenir l’équilibre linguistique, l’étude projette qu’environ 580 000 nouveaux arrivants francophones devraient s’établir en Ontario entre 2025 et 2050. Mais cette solution comporte ses défis. « Rien ne garantit que ces immigrants choisissent le français pour leurs enfants, et 18 % d’entre eux quittent le pays dans les 25 ans suivant leur arrivée », souligne l’étude.
Outre l’immigration, la transmission familiale du français demeure un enjeu fondamental. « Il faut soutenir l’intégration linguistique et culturelle des nouveaux arrivants, mais aussi renforcer l’usage du français à la maison dans des contextes authentiques qui donnent du sens à l’apprentissage », indique le sondage.
Ces préoccupations ont alimenté les échanges des six ateliers du congrès, où les participants ont proposé des pistes d’action et des solutions concrètes. Pour Peter Hominuk, cette démarche collective doit marquer un tournant : « Si nous voulons assurer un avenir durable à la francophonie ontarienne, il nous faut avoir le courage de revoir nos façons de faire et de penser. »
Photo : Plus de 200 délégués ont participé aux activités de la première journée du Congrès. (Crédit : Le Métropolitain)






