Environ 70 personnes ont assisté, dans la soirée du 27 janvier, à la conférence de Lisette Mallet, présidente de la Société d’histoire de Toronto. Offerte en collaboration avec l’Alliance française, la présentation portait sur les Métis de l’Est, leurs origines, leur identité et leurs défis d’hier à aujourd’hui.

Voilà un sujet qui tenait particulièrement à coeur à Mme Mallet puisqu’elle peut elle-même se réclamer de cet héritage. La dualité autochtone et acadienne fait partie de sa famille et quelques anecdotes personnelles ont émaillé sa conférence sur ce sujet qui, s’il concerne beaucoup de gens, n’en était pas moins tabou jusqu’à il y a quelques décennies à peine.

Savoir exactement de quoi on parle lorsqu’il est question des Métis de l’Est est un problème qui a toujours compliqué le débat. Pour plusieurs, l’expression fait référence aux Métis des Maritimes, mais si l’on se place du point de vue des Métis des Prairies, l’Ontario et le Québec sont aussi à l’Est.

Existe-t-il d’ailleurs une communauté métisse sur ce grand territoire mal défini? Certains se le demandent, considérant que les Métis qui y vivent se sont le plus souvent intégrés aux populations blanches ou autochtones.

Ces considérations ont amené Lisette Mallet à axer sa présentation sur la question de l’identité et non pas des territoires et ses propos portaient plus précisément sur les Métis francophones de l’Acadie.

Les bonnes relations, aux XVIIe et XVIIIe siècles, entre les Acadiens et les Mi’kmaq sont souvent mentionnées dans les livres d’histoire. Les répercussions que les conflits européens ont eues dans le golfe du Saint-Laurent éclipsent néanmoins bien vite les Autochtones dans la mémoire collective. Le récit de la déportation et de ses suites met l’accent sur les Acadiens et oublie que les Mi’kmaq, alliés de longue date des Français, n’ont pas eu la vie facile à partir de ce moment.

Cela est d’autant plus vrai que même les Acadiens les ont vite relégués aux oubliettes. Le réveil nationaliste acadien, au XIXe siècle, a fermement enraciné, dans la conscience populaire, l’idée que ce sont les racines françaises qui définissent leur culture et leur ethnicité. Avoir des ancêtres autochtones est quelque chose que personne ne voulait désormais plus admettre et il a fallu attendre le second mouvement d’émancipation des Acadiens, dans les années 1970, pour que les langues se délient et que la question du métissage revienne à la surface.

Historiquement, en termes de culture et de mode de vie, les Métis francophones des Maritimes se distinguaient à la fois des Mi’kmaq et des Français. La pratique d’une agriculture de subsistance, la chasse au gibier pour combler l’absence de bétail, l’importance de la femme, la place occupée dans les réseaux commerciaux entre les Acadiens et les Autochtones, etc. : ces caractéristiques ont été peintes à grands traits par la conférencière.

Mme Mallet a conclu sa présentation par un bref état des lieux. Bien que le peuple métis soit spontanément associé aux Prairies, il y a eu une prise de conscience au cours des dernières années quant à l’existence de cette réalité ailleurs au Canada. La reconnaissance du rôle des Métis de l’Est par les historiens constitue un développement majeur.

PHOTO – Lisette Mallet