L’immigration francophone dans la province est en hausse, mais ceux-ci sont-ils préparés à assurer leur situation? Si l’on en croit les dernières statistiques, les immigrants, de manière générale, mettent plus de temps à trouver un emploi et gagnent moins que la majeure partie des Ontariens natifs du Canada. 

Selon le dernier recensement, 75,4 % des travailleurs nés en dehors du pays ont un emploi, par rapport à environ 83 % pour les Canadiens dits « de souche ». La moyenne nationale étant fixée à 75,6 %, l’indice de l’Ontario est légèrement en dessous même s’il reste très bon. Toutefois, malgré ces chiffres, le gouvernement souhaite rendre plus difficile l’obtention du Supplément de Revenu garanti (SRG), un programme d’aide financière destiné aux personnes les plus pauvres. Pour qu’un immigrant puisse avoir droit à ce revenu, il doit actuellement justifier d’une dizaine d’années de présence sur le territoire canadien. Les conservateurs ont déposé un projet de loi repoussant cette durée à 20 ans, pour l’instant limité aux personnes participant au programme des parents et des grands-parents. Une mesure qui devrait permettre d’économiser environ 700  millions de dollars par an. 

Mais concrètement, quelle est la réalité des nouveaux arrivants francophones qui s’installent dans la province? Alexandre Dauphin, président de l’Association haïtienne de Hamilton, donne son point de vue : « La première chose, c’est l’adaptation en milieu anglophone, car les opportunités pour la langue française sont moindres dans la région ». D’après lui, il existe également une différence en fonction de la provenance : « Cela dépend d’où ils viennent. Ce n’est pas la même chose si l’on est francophone haïtien, francophone africain ou francophone québécois. Il y a une différence d’aptitudes. » 

Cependant, d’autres problèmes apparaissent, comme la surqualification qui peut empêcher d’accéder au premier emploi. Une anomalie familière pour M.  Dauphin, qui a connaissance de plusieurs cas dans la communauté. Il reconnaît toutefois que les immigrants ne sont pas les seuls à en souffrir : « cela peut arriver à tout le monde, même s’il y a des efforts à faire pour que les immigrants valident leur existence ». 

L’optimisme est bel et bien présent dans son discours : «  La situation s’améliore, des progrès sont faits. Le français a son droit ici aussi, plus particulièrement depuis que l’immigration francophone s’est accentuée », affirme-t-il. Sur la question du projet de loi SRG ontroversé, sa réponse pointe vers la modération : «  Il y a un équilibre à construire. Il faut plus de vigilance pour éviter les abus, car il existe une demande de jugement pour identifier les bons et les mauvais. Il ne faut pas confondre l’homme honnête et l’homme malhonnête. » Adaptation et évolution sont donc à l’ordre du jour. Un bilan somme toute encourageant qu’il faut consolider.