Chrismène Dorme

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a tenu, le 2 décembre, son assemblée citoyenne consacrée aux États généraux de l’Ontario français. L’objectif était de poursuivre la réflexion amorcée lors du Congrès annuel. En ligne se trouvaient des représentants communautaires et institutionnels ainsi que des personnalités politiques et de nombreux citoyens.

Animée par Jethro Sereme, la rencontre visait à tirer les constats du précédent Congrès, définir les prochaines étapes et imaginer un modèle de société francophone plus inclusif et durable.

En ouverture, le président Fabien Hébert a rappelé l’importance du vaste sondage réalisé auprès de plus de 2000 personnes : « Notre objectif est de construire une vision commune et durable pour l’avenir de la francophonie ».

Selon lui, la démarche entre dans une phase essentielle où les constats doivent se transformer en orientations. « Les États généraux ne sont pas un exercice théorique. Nous voulons doter l’Ontario d’une complétude institutionnelle performante », insiste-t-il.

Le directeur général Peter Hominuk a présenté les enjeux ressortis des consultations. « On constate une grande préoccupation pour la pérennité des institutions culturelles, comme les librairies ou les espaces communautaires », explique-t-il. Il a aussi fait ressortir des difficultés persistantes en justice en français, et une attente claire pour une offre complète de services en français, de la petite enfance aux institutions culturelles. Une tournée provincial est prévue pour valider les solutions.

Benoît Hubert, de la firme PGF, a insisté sur la perte de poids démographique de la francophonie ontarienne. Selon les résultats, « renverser cette tendance passera par une immigration forte et réussie », ce qui implique de travailler sur le sentiment d’appartenance et sur des structures capables d’accueillir et d’intégrer les nouveaux arrivants. De ce fait, quatre axes principaux ont émergé : réussir l’immigration, renforcer l’offre de services, consolider les structures communautaires et multiplier la gouvernance au niveau provinciale pour mener à bien ces transformations.

Le public a partagé des expériences très diverses. Récemment installé à Toronto, Fowo Kamdem dit avoir eu du mal à repérer des organismes francophones. Cela doit d’abord commencer par une meilleure visibilité pour « faire vivre notre francophonie », dit-il.

En milieu rural, Janie Myner de l’Union Culturelle des Franco-Ontariennes évoque un fort sentiment d’isolement. « Nos réalités sont très différentes de celles des grandes villes », rappelle-t-elle.

Ensuite, Jean-Marc s’est inquiété du manque de participation culturelle : « On a l’impression que le monde franco-ontarien appartient surtout aux têtes blanches, pas aux jeunes ».

La question de l’accès aux institutions a aussi été soulevée. « Aucune université francophone n’est située près de chez moi », a expliqué Céline. Fabien Hébert lui a répondu qu’une meilleure équité des services est une priorité. De la Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario, Cécile a rappelé les besoins urgents en santé, notamment dans les soins de longue durée, et les difficultés d’obtenir un service en français dans les commerces.

La représentativité a également été discutée. Violène, s’est inquiétée pour les aînés immigrants de langue française, et Jean, de l’organisme Akwaba, a souligné la sous-représentation des Noirs francophones. Peter Hominuk a assuré que « l’on ne peut pas bâtir une communauté si tout le monde n’avance pas ensemble ».

L’ancien président de l’AFO, Denis Vaillancourt, a encouragé tous les Franco-Ontariens à revendiquer les services avec des petits gestes individuels dans leur quotidien tels que sélectionner automatiquement la version française lors d’une navigation sur un site internet du gouvernement fédéral. Il a invité chacun à se demander ce qu’il pouvait faire individuellement pour établir une présence francophone.

Peter Hominuk a incité tout un chacun à participer aux consultations régionales à venir, « car nous ne pouvons pas avancer sans votre vision, votre engagement et votre mobilisation ». Il affirme que « l’avenir de la communauté sera encore plus beau, car nous prenons enfin le temps de nous parler et de rêver ensemble ».

Pour clore la rencontre, Roxanne Hotte, sous-ministre adjointe aux Affaires francophones, a assuré vouloir « écouter pour agir ». « Avec mon équipe, nous examinerons les perspectives à court et long termes », conclut-elle.

Photo (Archives Le Métropolitain) : Fabien Hébert, président de l’AFO