Cela fait maintenant 20 ans que la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa forme de futurs enseignants dans le sud de la province. Après quelques débuts modestes au début des années 1990 à Penetanguishene, puis à Oakville et à Brampton, le programme de formation des enseignants a finalement jeté l’ancre au sein du campus du Collège Glendon en 1996. 

Aujourd’hui, une cinquantaine d’aspirants à la profession enseignante y suivent des cours de pédagogie afin d’obtenir leur Certificat d’enseignement de l’Ontario. Les cours sont prodigués par des professeurs en salle de classe ou bien à distance. À deux reprises durant leur année de formation, les candidats se rendent dans des écoles pour effectuer un stage pratique. 

La création de ce campus satellite dans le sud de la province avait pour but de pallier la pénurie d’enseignants que connaissaient les écoles francophones à l’époque. Faire venir des enseignants de l’extérieur ou bien d’autres régions de la province n’était pas toujours la solution idéale. On résolut donc de faire appel à l’Université d’Ottawa pour qu’elle puisse former des enseignants sur place.

« Une des missions de notre université est de favoriser l’essor de la communauté franco-ontarienne. La francophonie est dans l’ADN de cette institution », affirmait Allan Rock, recteur de l’Université d’Ottawa, lors d’une célébration organisée au campus Glendon à l’occasion du 20e anniversaire du programme de formation des maîtres à Toronto. Le recteur soulignait aussi qu’avec 13 000 jeunes chaque année, l’Université d’Ottawa accueille le plus grand contingent d’étudiants francophones au Canada à l’extérieur du Québec. 

Le programme de formation des enseignants va entreprendre une profonde transformation à compter de septembre 2015 puisque sa durée va passer d’un an à deux. 

« Nous souhaitons former ainsi des candidats mieux préparés, mais moins nombreux », explique Michel Laurier, doyen de la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa. M. Laurier estime aussi que les candidats devront certainement afficher une grande motivation étant donné qu’ils s’engageront désormais pour une période de formation plus longue. Si les candidats francophones éprouvent encore aujourd’hui moins de difficultés à trouver un emploi que leurs compatriotes anglophones, ils doivent cependant accepter d’être mobiles. Il est beaucoup plus aisé de trouver un poste à l’extérieur de Toronto qu’au sein même de la ville. On estime que 37 000 enseignants qualifiés, anglophones et francophones regroupés, sont en ce moment à la recherche d’un emploi en Ontario. 

À l’issue des discours officiels, Nathalie Bélanger, professeure à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa et détentrice d’une chaire consacrée à la recherche sur la francophonie, a livré un bref historique de l’éducation en langue française en Ontario. Pour ce qui est de la situation actuelle, elle a souligné que les parents ont désormais une grande liberté lorsqu’il s’agit de choisir une école pour leurs enfants. Cette libéralisation de l’éducation en Ontario s’est accentuée au cours des années 1990. Aujourd’hui, une école essaie de se démarquer des autres en offrant des programmes spécialisés tels qu’une concentration de cours en art ou en sport. Bon nombre d’établissements proposent aussi des programmes internationaux. Cette libéralisation a également mené à la création des 12 conseils scolaires francophones en 1998. 

Trois personnes ont enfin témoigné de l’impact qu’a eu le programme d’éducation de l’Université d’Ottawa dans leur vie professionnelle. Françoise Myner, directrice d’école à la retraite, a souligné combien les cours suivis au campus ou en ligne furent utiles tout au long de sa carrière. Mélissa Villella, ancienne directrice d’école et présentement étudiante au doctorat, tire encore aujourd’hui pleinement les avantages d’un programme qui s’adresse tout particulièrement aux Franco-Ontariens. Aristide Willy Wandji, un étudiant d’origine camerounaise qui vient tout juste de compléter la formation des enseignants au campus de Toronto, a vu ses efforts durant ses stages porter leurs fruits puisqu’il vient tout juste d’être embauché.

L’Université d’Ottawa nous donne à nouveau rendez-vous dans 20 ans pour célébrer le succès de plusieurs autres générations de pédagogues formés à Toronto.

Photo : Alan Rock (à gauche) et Michel Laurier (à droite)