Quelque 730 000 exemplaires vendus dans 39 pays et territoires dans le monde, des romans traduits en 29 langues, un Prix littéraire du Gouverneur général en 2010, finaliste du Nobel Alternatif en 2018. Tour à tour couturière, interprète, avocate, chroniqueuse culinaire pour la radio et la télévision, écrivaine, etc.
Tout cela après avoir fui son pays natal, le Vietnam, à l’âge de 10 ans dans la cale de l’un de ces bateaux de la mort où s’entassaient les fameux boat-peoples dans les années 70, pour finalement, après un long périple qui passait notamment par plusieurs mois dans un terrible camp de réfugiés en Malaisie, atteindre le Québec et s’y installer pour devenir tout cela 40 ans plus tard.
Voilà le pedigree de la dernière invitée de la saison du programme « Je viens de loin/j’écris en français » organisé par l’Alliance française de Paris Île-de-France et dont l’Alliance française de Toronto assure le relais pour cette dernière rencontre consacrée au Canada après l’Inde il y a quelques semaines.
Les plus bibliophiles l’auraient sans doute compris, il s’agit de l’écrivaine Kim Thúy. Et des bibliophiles, il y en avait une bonne double centaine le 4 juillet dernier pour participer à ce webinaire avec l’auteure sous la baguette de Bernard Magnier, journaliste littéraire français et programmateur du festival Littératures métisses.
Après avoir évoqué brièvement l’exil et l’arrivée de la petite Kim au Canda, ce dernier s’est focalisé sur les trois œuvres majeures de l’écrivaine, à savoir Ru paru en 2009, Man publié en 2013 et le dernier, Le secret des Vietnamiennes, qui a vu le jour en 2017.
Et, comme de coutume pour ceux qui la connaissent, Kim Thúy a répondu aux questions de l’animateur et de celles du public avec une légèreté pétillante et un verbe profond, imagé et libre. Cette liberté qu’on a failli lui ôter durant son enfance et qui a guidé ses phalanges jusqu’à la plume pour ne plus la lâcher.
Cette liberté découverte ici, au Canada, comme nous l’explique sans complexe l’intéressée : « Lorsque je suis arrivée au Canada avec ma famille en provenance du camp des réfugiés malaisien, on était fragiles, vulnérables, honteux parce que sales, dépossédés de tout et, en un clin d’œil, on a tout retrouvé. On nous a accueillis avec respect et bienveillance et, depuis cet instant, la culture québécoise coule dans mes veines. Plus que la dignité retrouvée, ce pays m’a fait découvrir la liberté, toutes les libertés. »
Voilà, tout est dit! Plus rien a rajouté donc sauf peut-être une petite anecdote : lors de son cursus universitaire, la romancière s’était inscrite à un module de « Création littéraire » où elle a fini par avoir un zéro pointé à l’examen! Alors oui! Kim Thúy vient vraiment de loin pour dessiner les sons de Molière d’une bien belle manière.
SOURCE – Soufiane Chakkouche
PHOTO – Kim Thúy et Bernard Magnier