Afin de mettre en place un plan stratégique commun sur l’immigration francophone dans la province s’étendant de 2018 à 2023, les trois réseaux de soutien à l’immigration francophone (RIF) ont organisé plusieurs consultations sur le sujet dont la dernière avait lieu à Toronto, le jeudi 19 juin dans les locaux du Centre francophone.
Cette table ronde était composée de membres d’organismes du Grand Toronto dont Reflet Salvéo (Gilles Marchildon), Société économique de l’Ontario (Guy Lucas), Centre francophone de Toronto (Oureye Seck), Mouvement ontarien des Femmes immigrantes francophones (Fayza Abdallaoui), Ronald Dieleman (consultant), le Collège Glendon (Solange Belluz), Conseil scolaire Viamonde (Karine Barrass), Conseil scolaire MonAvenir (Arsène Tsafack), Conseil de la coopération de l’Ontario (Caroline Joly) et Franco Queer (Naima Hazem).
Les participants devaient choisir deux questions parmi cinq et en discuter pendant 20 minutes. De ces échanges animés sont sorties certaines idées axées sur quatre thèmes.
- « Mieux mobiliser, concerter et coordonner les acteurs autour d’un continuum de l’immigration francophone dans la région ».
Pour le panel il est « important d’avoir un état des lieux, de savoir qui fait quoi, à qui, quand, comment afin que le réseau puisse facilement coordonner ». De plus il faut faire attention à ce qu’il n’y ait pas de division entre les organismes : « Quand on ne sait pas qui fait quoi, certaines personnes peuvent faire des demandes qui ne sont pas connectées avec le réseau », insiste Solange Belluz.
Une autre suggestion est de chercher des organismes qui ne travaillent pas dans les réseaux d’immigration, mais plus du côté artistique et faire des évènements mensuels afin de rencontrer l’autre grâce à des activités culturelles et artistiques. « Pourquoi ne pas travailler sur les cultures ensemble avec un mentorat artistique », suggère Karine Barrass.
- « Mieux attirer et garder les nouveaux arrivants dans les collectivités francophones ».
L’accueil francophone à l’aéroport est pour tous, le point crucial à résoudre très rapidement.
Les services pré-départ qui sont faits sur le plan économique ne sont pas suffisant actuellement. Ils sont ouverts aux résidents permanents mais pas aux autres types de visas (permis de travail ouvert et fermé par exemple). Si la demande de résidence permanente est faite en anglais, les services proposés sont en anglais et renvoient vers des organismes anglophones. Pour le panel, il faut améliorer ce type de services et les ouvrir aux autres visas.
- « Faciliter l’intégration et l’autonomie économique des immigrants qui se dirigent vers le Grand Toronto » en accentuant l’information du côté des employeurs anglophones et francophones.
Il faut également sensibiliser l’employeur anglophone à embaucher un immigrant francophone; il reste encore beaucoup de travail à faire sur ce point, mais les organismes qui ont été dédiés à faire ce travail n’ont pas été reconnus comme organisme d’établissement, selon Mme Belluz.
Du côté des employeurs francophones, il existe des organismes francophones dans le Grand Toronto qui peuvent embaucher des francophones, mais le nombre de postes existants n’est pas suffisant par rapport aux 10 000 nouveaux arrivants francophones par an dans la province.
- « Faciliter l’intégration et l’inclusion des personnes et familles immigrantes dans les collectivités et devenir des collectivités plus accueillantes, dynamiques et inclusives »
La communauté LGBTQ+ n’est pas assez incluse dans la communauté franco-ontarienne, selon Ronald Dieleman.
À la fin des échanges, le débat s’est tourné vers l’appel sur les services en français à l’aéroport Pearson fait par le ministre de l’immigration fédéral Ahmed D. Hussen. Les participants ont fait ressortir plusieurs points dont celui de « travailler et collaborer ensemble ». « Le Centre francophone ne peut pas tout faire en même temps », selon l’un des participants. L’un d’entre eux rappelle que le plus important est d’offrir des services de qualité aux francophones.
Par ailleurs, d’autres ont peur que si la proposition des organismes de Toronto ne soit pas assez bonne, ce soit un organisme de l’extérieur de la province qui gagne l’appel d’offres. Il faut rappeler que c’est un appel au niveau fédéral et non provincial, même si l’aéroport Pearson est situé à Mississauga. Un autre ajoute qu’un comité francophone de l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants (OCASI) s’est déjà penché sur la question de l’accueil des immigrants à l’aéroport.
Cette consultation a permis de mettre à plat les enjeux qui restent à résoudre au niveau de l’immigration francophone dans la région et autant dire qu’il en reste beaucoup et que les organismes feraient bien d’être solidaires malgré leurs différences.
PHOTO: Les membres des organismes francophones du Grand Toronto en pleine réflexion