« À travailler dans ce genre d’environnement, tu te fonds dans l’environnement. Les mineurs sont les maîtres du domaine. Ils peuvent entendre la pierre. » Véritable hymne aux mineurs, mais aussi à la classe ouvrière, le photographe canadien Louie Palu présentait le fruit d’années de travail au cœur des entrailles des mines ontariennes et québécoises et au côté de ceux qui les peuplent.
Né de parents immigrés d’origine italienne, le photographe se tourne vers le sujet de la mine comme il se tourne vers ses origines. La quête de l’identité au travers d’une classe sociale dont ses parents ont fait partie. Telle est l’histoire derrière la photographie.
« J’ai découvert le livre Germinal et j’ai vu le film avec Gérard Depardieu, dit-il. Il n’y a pas beaucoup de films sur les mines comme ça. J’ai pensé que ces gens étaient mes parents. C’est une exploration de qui je suis et d’où je viens. Tout le monde veut savoir d’où il vient, car l’identité est la clé pour comprendre comment on agit avec les autres. »
Les maîtres de la pierre
Une quête qui durera 12 ans. De 1991 à 2003, Louie Palu descend dans les mines de ceux qui creusent et percent la pierre, puis la dynamitent. De ceux qui travaillent dans le noir tous les jours, œuvrant à construire un environnement sécuritaire pour mieux le détruire à la fin de la journée.
« Aujourd’hui quand j’expose ces œuvres, je pense à mon téléphone qui est dans ma poche, poursuit le photographe. Il y a 60 métaux provenant de ces mines dans ce téléphone. Mon boulot est de mettre un visage sur ces choses. On entend des statistiques, mais on oublie l’humain derrière. »
Un véritable hommage à des hommes qu’il photographie sans faux-semblant. Nul sensationnel, nul filtre, seulement le noir et blanc pour que « l’homme et la pierre aient le même ton ». La photographie est directe et brute et relate des vies faites de labeur et de dureté.
« Mon boulot est de faire basculer les consciences, conclut l’artiste. Tu regardes quelque chose et tu dis ça, et je dis « non ». Je tire le papier peint : c’est noir. Tout ça, c’est montrer la vérité et avoir de l’empathie.
Laurence Stenvot
CAGE CALL 25, jusqu’au 1er octobre à l’Alliance française