L’hiver dernier, la cinémathèque du TIFF Bell Lightbox a présenté la première partie d’une rétrospective exceptionnelle de Jean-Luc Godard. Voici maintenant l’heure de la seconde partie, qui présente des films de 1980 à nos jours. Du 3 octobre au 22 décembre.

La seconde moitié de l’œuvre de Godard est la plus difficile, mais pour beaucoup, elle est également la plus fascinante. Après l’épisode de la Nouvelle-Vague, après les grands succès, les gloires, après Pierrot le Fou, Les Carabiniers, Une femme est une femme, Godard s’en est allé. 

Assez simplement, au début des années 1970, le cinéaste suisse s’est mis à travailler pour la télévision, disparaissant petit à petit des radars de la vie publique. Pour ne réapparaître qu’une décennie plus tard, en 1980, avec un tout nouveau film : Sauve qui peut (la vie). Une partition musicale composée de quatre mouvements. L’imaginaire (après une rupture avec Paul, Denise part à la campagne.) La peur : (Paul craint la solitude.) Le commerce : (Isabelle apprend à sa sœur le métier de prostituée.) La musique : (renversé par une voiture, Paul se meurt sous les yeux de sa fille et de son ex-femme, qui très vite se détournent de lui et s’éloignent).

Le maître ne s’arrête pas en chemin. Et bien qu’il renoue avec son public, le succès n’est plus exactement le même. Ses films sont plus ardus, moins évidents. La critique est moins unanime. 

For ever Mozart, par exemple, est même jugé comme un film « pas très bon » par Godard lui-même, qui le trouve « trop théorique ». C’est un film à la philosophie minimaliste sur les malheurs du monde et la crise du cinéma, de l’écriture et de l’art. L’auteur se compare à Mozart, un Mozart qui serait incompris. Mais ce film a également séduit des cinéphiles en proposant une vision acérée de notre société, portée par une bande son forcément merveilleuse.

Film Socialisme est le dernier film de Godard. Il y renoue avec Sauve qui peut (la vie), dans le sens où il s’agit également d’une symphonie en plusieurs mouvements. Trois, en l’occurrence. Le film conducteur est volontairement perdu, le spectateur est invité à faire sa part du travail de réflexion. Les images évoquent des questions existentielles d’actualité. La phrase qui revient le long du film, « la liberté coûte cher », est l’une des devises de Godard.

La seconde partie de l’œuvre de Godard est moins connue, c’est un fait. Moins facile, aussi. Mais elle mérite tout autant qu’on s’y intéresse, ne serait-ce que pour avoir une vision plus globale de l’œuvre d’un des grands hommes du cinéma du XXe siècle.