C’est résolument sous le signe de la dualité que les Torontois furent conviés lors de deux récentes soirées de poésie. Deux poètes francophones virent des extraits de leurs œuvres lus en français puis en anglais sur la petite scène du bar Duffy’s Tavern. 

Peu importe la langue, le langage poétique séduit tout autant l’auditoire. Que ce soit en français ou bien en anglais, le corps qui vieillit, une caresse, la disparition d’une amie ou bien l’attitude drôle et hilarante d’un dandy traduisent les mêmes émotions.
Pour la troisième année consécutive à Toronto, deux poètes francophones ont lu quelques-uns de leurs poèmes tandis que leurs homologues torontois en livraient la traduction en langue anglaise. Cette année, ce furent les poètes québécois de renom Denise Desautels et Jean-Paul Daoust qui étaient à l’honneur. Ils furent accompagnés sur scène par les auteurs torontois Gerri Shikatani et Eric Schmaltz lors de la première soirée, puis par Margaret Christakos et Gerri Shikatani lors de la seconde.
« Notre idée est de reproduire le festival de Trois-Rivières en mini format et de donner une voix anglaise à des poètes francophones », explique l’auteure torontoise Beatriz Hausner, organisatrice de l’événement avec Gaston Bellemare, président du Festival international de la poésie de Trois-Rivières. Chaque année au mois d’octobre, la capitale de la Mauricie devient un point de convergence pour les poètes du monde entier.

L’auteure montréalaise Denise Desautels a publié une quarantaine de recueils et a remporté de nombreuses distinctions, notamment le Prix du Gouverneur général en 1992, le Prix Athanase-David en 2009 et le Prix de littérature francophone Jean-Arp en 2010. Lors de la deuxième soirée, des extraits de Cimetières : la rage muette, Les chuchotements et la caresse, et Tombeau de Lou furent d’abord lus par Denise puis par Margaret Christakos.
Le poète Jean-Paul Daoust est un auteur québécois qui réside à la fois à Montréal et dans la région de Joliette. À l’instar de Denise Desautels, il aussi publié de nombreuses collections de poèmes et s’est vu lui également décerner le Prix du Gouverneur général en 1990 pour son œuvre Les Cendres bleues. Jean-Paul lut tour à tour des extraits de Dandy, extraits repris par Gerri Shikatini en anglais.

En intermède, Margaret Christakos eut l’occasion de lire un extrait de son recueil Sooner alors que Gerri Shikatini récita un passage de First Book, Three Gardens of Andalucia. À la suite de séjours à Montréal, Margaret tout comme Gerri s’expriment très bien en français et sont donc en mesure de comprendre les versions originales des œuvres de leurs compatriotes francophones. Margaret s’intéresse d’ailleurs vivement aux auteures féministes québécoises telle Nicole Brossard. Gerri est également empreint de multiculturalisme grâce à des séjours au Japon, en France et en Espagne.

Le temps de deux soirées, la langue de Molière et celle de Shakespeare effectuèrent un merveilleux ballet poétique.

Photo : Gaston Bellemare et Beatriz Hausner, organisateurs des soirées de poésie bilingues