Bougies, fleurs et messages de condoléances affluent depuis lundi sur le site de l’attaque à la camionnette-bélier qui a fait 10 morts et 14 blessés. Aux abords du carrefour Yonge et Finch, le mémorial improvisé le long d’un petit muret croule sous les bouquets entre lesquels des portraits de victimes ont été glissés.

De nombreux résidents font halte, en ce jeudi 26 avril, durant quelques minutes. Certains se présentent seuls pour prier, silencieux, d’autres arrivent en groupe pour afficher des pancartes préparées en commun au sein de leur communauté ou de leur entreprise. C’est le cas de ces employées de la banque CIBC toute proche qui sont parvenues à trouver un petit bout de muret encore vierge, à l’arrière.

Bougies, fleurs et messages de condoléances affluent depuis lundi sur le site de l’attaque.

Çà et là, de petits groupes se forment. D’ordinaire, ces personnes ne se seraient probablement pas adressé la parole, ni même n’auraient échangé un regard. Pourtant, on s’interroge, on s’indigne, on pleure, on se réconforte. La tragédie a visiblement resserré les liens entre Torontois, comme le résume l’expression Toronto reste fort inscrite en divers langues sur les innombrables autocollants colorés qui jonchent le mémorial.

Devant les caméras, cette maman tente d’expliquer à son enfant ce qui s’est passé et pourquoi des gens sont morts dans la rue. La scène est bouleversante.

Devant les caméras, cette maman tente d’expliquer à son enfant pourquoi des gens sont morts.

« Ça aurait pu être n’importe qui, témoigne une passante. On n’est à l’abri nulle part ». Sa voisine demande où le drame s’est passé. Un homme lui répond que la camionnette a descendu la rue Yonge jusqu’à l’avenue Sheppard en montant sur le trottoir. Un geste incompréhensible, sordide, dévastateur.

Les objets sont placés sur le côté est de la rue Yonge où l’incident mortel a eu lieu dans l’après-midi du lundi 23 avril. C’est ici que la police a mis un terme à la course meurtrière.

En matinée, l’ombre portée des immeubles voisins conjuguée au vent crée un climat glacial que le soleil vient chasser aux alentours de 11 heures. À l’heure du lunch, la foule se fait plus nombreuse. Les employés sortant des bureaux viennent grossir le nombre de personnes venues honorer la mémoire des victimes.

Entre un drapeau du Canada et le mot Toronto écrit en larges majuscules au feutre bleu, on peut lire la phrase : Que Dieu vous bénisse au paradis encerclée d’un cœur dessiné à l’encre marron qu’une récente averse a commencé à brouiller. L’encre coule comme les larmes d’une femme tout de noir vêtue. Elle s’agenouille près d’un des portraits. Elle y dépose un pendentif en métal argenté, avant de s’esquiver. Comme elle, plusieurs personnes semblent gênées par la présence continue des journalistes.

Entre un drapeau du Canada et le mot Toronto écrit en larges majuscules bleues : « Que Dieu vous bénisse au paradis ».

Par moment leur nombre dépasse celui des piétons en peine et plusieurs d’entre eux font volte-face, repartant avec leurs fleurs plutôt que d’être importunées par la presse.

Plus bas sur la rue Yonge, un autre mémorial, s’est formé à l’entrée du parc Mel Lastman de North York. C’est ici que doit se tenir, dimanche soir à partir de 19 heures, une veillée à la mémoire des victimes.

Entre les deux sites de recueillement, attachées aux panneaux de circulation ou plantées dans des pots de terre publics, des roses solitaires et des bouquets de tulipes apparaissent avec partout cette atmosphère étrange dans laquelle se côtoient des gens encore marqués, abasourdis, et d’autres, indifférents, emportés par le torrent du quotidien. Comme si, malgré la catastrophe, la vie devait reprendre. Elle reprendra, c’est sûr, mais peut-être plus comme avant.

Devant le mémorial, nombreux sont les passants à venir se recueillir quelques minutes