Vineland – Pourquoi les meilleurs fruits semblent-ils avoir la durée de conservation la plus courte? Les marchés de fruits frais partout dans le monde sont confrontés à ce défi, qui a des conséquences réelles pour les clients et les fruiticulteurs.
Des recherches récentes menées à l’Université de Guelph ont abouti à la mise au point d’un produit qui prolonge la durée de conservation des fruits frais de plusieurs jours, voire de quelques semaines, et qui est porteur de promesses pour les régions du monde qui sont touchées par l’insécurité alimentaire.
« Chez les humains comme chez les fruits, la peau finit par se rider; ce phénomène fait partie du cycle de la vie et s’explique par le fait que les membranes commencent à perdre de leur fermeté, explique Jay Subramanian, professeur de sélection des fruits de verger et de biotechnologie à l’Université de Guelph, qui travaille à la station de recherche de Vineland. Nous savons maintenant qu’il est possible de ralentir les enzymes responsables de cette détérioration. »
Le secret, selon M. Subramanian, réside dans l’hexanal, un composé naturel que produit chaque plante sur la planète. Son laboratoire a mis au point une formule qui contient une forte concentration d’hexanal et permet aux fruits de conserver leur fraîcheur plus longtemps.
L’équipe de recherche de M. Subramanian a d’abord essayé sa formule sur des cerises douces et des pêches dans la région de Niagara. Elle a déterminé que ce produit prolongeait la durée de conservation de ces deux fruits, et qu’il était aussi efficace comment solution à pulvériser directement sur les arbres avant la récolte que comme solution de trempage des fruits fraîchement récoltés.
« Une journée gagnée représente une différence énorme pour certaines cultures, indique M. Subramanian. Pour d’autres fruits, comme les mangues et les bananes, on peut prolonger davantage la durée de conservation. »
Une fois que le produit sera commercialisé, M. Subramanian prévoit qu’on l’utilisera dans les exploitations fruitières aux quatre coins de l’Ontario, dont les exploitations d’autocueillette, qui tireraient profit d’une saison prolongée. Toutefois, les marchés de fruits partout dans le monde pourraient aussi en tirer des avantages considérables.
Le projet de l’équipe de recherche de M. Subramanian est l’un des 19 seuls projets à l’échelle mondiale à avoir obtenu une subvention exclusive provenant du Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale, un programme géré par le Centre de recherches pour le développement international et financé par Affaires mondiales Canada.
Ces fonds ont permis à l’équipe de mener des recherches en collaboration avec des homologues de l’Inde et du Sri Lanka sur la production de mangues et de bananes. Les mangues comptent parmi les cinq fruits les plus produits au monde, et 80 % de cette production provient d’Asie du Sud. Après plus de trois ans, les chercheurs ont découvert que la pulvérisation de ce produit sur les mangues avant la récolte permettait de retarder le mûrissement de trois semaines.
« Un producteur peut traiter la moitié de ses fruits et les récolter deux ou trois semaines après que la première moitié de sa production a été mise sur le marché, fait valoir M. Subramanian. Cela permet d’étirer la saison. Ainsi, le producteur n’a pas à se dépêcher de vendre tous ses fruits d’un coup, et le marché n’est pas saturé. Tout le monde y gagne, en ce sens que le producteur dispose d’une marge de manœuvre accrue, et les consommateurs peuvent se procurer des fruits frais de bonne qualité plus longtemps. »
L’équipe est en train de mener la deuxième phase du projet, qui consiste à appliquer les mêmes principes aux cultures de bananes d’Afrique et des Caraïbes, et elle espère aussi mener des essais sur les papayes, les agrumes et d’autres fruits.
La formule a été octroyée à une entreprise qui est en train de remplir les demandes réglementaires nécessaires et devrait arriver sur le marché commercial d’ici trois ans.
Source : AgInnovation Ontario
Auteur: Lisa McLean