Mise en garde : ce texte contient des propos sur la santé mentale, le suicide et le deuil
L’auteure-compositrice et interprète franco-ontarienne Mélanie Brulée est de retour avec une nouvelle toune intitulée Crier, qui sortira la semaine prochaine, le 20 avril. Une chanson qu’elle travaille et retravaille depuis 2015 lors de son passage au Festival en chanson de Petite-Vallée, en Gaspésie.
« Je ne me trouvais pas assez franco pour être là et je me remettais en question. Mais cette vulnérabilité m’a aidée à creuser plus profondément », raconte-t-elle. En effet, les francophones en situation minoritaire souffrent souvent de ce syndrome de l’imposteur dans la francophonie.
Suicide
Crier lui a permis de surmonter ses sentiments par rapport au suicide de son père lorsqu’elle avait 12 ans. « Il y avait beaucoup de deuil et de tristesse, mais aussi de colère. Ça m’a pris beaucoup de temps à cultiver la compassion autour de ça, car je me sentais victime. »
Les mentors du programme en Gaspésie lui ont conseillé d’aller crier au bord de l’océan pour débloquer ces maux. « J’ai senti tous les sentiments que j’essayais de repousser, que je niais depuis trop longtemps, affirme-t-elle, il faut s’en occuper parce qu’ils vont toujours revenir et ressortir à un moment moins idéal. » Avec Crier, Mélanie Brulée leur donne un moment pour qu’elle puisse ensuite poursuivre sa route.
Santé mentale
La santé mentale est un thème important pour l’artiste depuis le début de sa carrière. Son premier album, Débridée (2015), discutait déjà de son parcours psychologique avec le décès de son père et Fires, Floods & Things We Leave Behind (2018), de ses réflexions sur l’alcoolisme.
En octobre dernier, elle lance The Mess, une chanson qui fait le point sur comment l’anxiété et la dépression peuvent déchirer une personne.
Suite à un quasi-burnout en 2019, l’artiste originaire de Cornwall s’est sentie éloignée de sa communauté et un peu perdue dans la vision de sa carrière. « Une carrière de musicienne, c’est beaucoup de publicité personnelle. J’étais tannée du moi-moi-moi constant. Je me sens plus en paix quand tout ça a un but qui vient en aide aux autres. »
Depuis, elle s’active donc passionnément auprès de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) dans sa ville natale. « J’ai été choquée d’apprendre que les programmes d’intervention sont financés par le gouvernement, mais les programmes de prévention, eux, bénéficient seulement de collectes de fonds publiques », révèle-t-elle.
Sur son site d’artiste, Mme Brulée inclut un bouton de dons pour ces programmes, ainsi que plusieurs ressources (surtout gratuites) pour l’aide à la santé mentale. Après la parution de The Mess, elle enregistre une série d’entrevues avec des professionnels de la santé mentale. Les Instagram Live sont aussi disponibles sur son site.
« Je reste branchée sur ses thèmes importants et je compte utiliser la plateforme que j’ai pour les faire avancer », affirme-t-elle avec conviction. D’ailleurs, elle monte un spectacle-bénéfice virtuel pour la santé mentale m qui met en vedette des jeunes de Cornwall.
Depuis la pandémie, elle pratique aussi un nouveau langage de bien-être : « Je désire valider les autres avec ce nouveau langage, me valider moi-même et surtout parler avec le cœur. »
C’est si important normalement, et encore plus dans un monde chamboulé. Selon elle, avoir le réflexe de partager, de parler de ce qui ne va pas, est primordial pour la santé.
Pour Mélanie Brulée, c’est la musique qui rend ces sujets supportables. « La musique, c’est comment je règle ma vie », conclut-elle.
Pour les personnes qui ne font que commencer à découvrir sa musique, les suggestions incluent Peur de moi, une ode à la nécessité de l’estime de soi, Qui suis-je?, la partie 1 de la trilogie qui comprend Crier, et une troisième chanson à venir.
SOURCE – Élodie Dorsel
PHOTO (crédit: Dale Sood) – Melanie Brulée