Chaque année, les membres du Club des chefs des chefs – qui regroupe une vingtaine de cuisiniers de chefs d’État – se retrouvent une semaine par année dans le pays de l’un de ses membres afin d’y découvrir la gastronomie et les richesses touristiques de l’endroit. Et, en cette année du 150e anniversaire de la Confédération canadienne, il n’était pas surprenant qu’ils soient les invités de Katie Brown Ardington, jeune chef des cuisines du premier ministre du Canada, Justin Trudeau depuis février dernier.
La semaine dernière donc, ces grands cuisiniers ont posé leurs valises dans quelques villes de l’Ontario et du Québec, notamment à Toronto, Niagara Falls, Ottawa et Montréal.
« Les chefs d’État se rencontraient lors des G-7 ou G-20 mais leurs chefs (culinaires), eux, ne se connaissaient pas, raconte Gilles Bragard, le fondateur de ce club sélect qui était, en 1977, propriétaire d’une entreprise textile qui fournissait des vestes aux chefs. J’ai trouvé intéressant de les réunir. C’est ainsi que depuis 40 ans, une fois par année, nous nous retrouvons dans un pays différent. »
Au fil des années, ce groupe sélect qui compte une vingtaine de membres s’est forgé une philosophie qui consiste à mettre en avant la gastronomie et les traditions culinaires du pays visité. « Les chefs sont les ambassadeurs de leur gastronomie et de leurs produits locaux, ajoute M. Bragard. Au Canada, quand le premier ministre reçoit, il le fait avec des mets canadiens, des produits canadiens. Et c’est le cas dans tous les pays. »
Selon le fondateur du regroupement, ces « travailleurs de l’ombre » ont un rôle diplomatique important à jouer. « Souvent, c’est autour de la table que se font les bons accords. Les rencontres entre les grands de ce monde se déroulent souvent dans les meilleures conditions quand ils ont bien mangé. Donnez-moi de bons cuisiniers, je ferai de bons traités, promettait Talleyrand à Napoléon. »
Enfin, pour vivre longtemps, il faut manger sainement, et les chefs culinaires mettent ce slogan en pratique tous les jours, soutient M. Bragard : « Pour accomplir sa lourde charge, un chef d’État doit être au meilleur de sa forme. L’alimentation est importante du petit-déjeuner jusqu’à la collation du soir ».
Et pour permettre à ces grands chefs de goûter notamment aux produits du terroir du Niagara, c’est au restaurant Elements on the falls – qui offre une vue spectaculaire des chutes – que les représentants de Parcs Niagara et Tourisme Niagara Falls ainsi que le maire de la ville, Jim Diodati, ont accueilli les chefs et leur famille « comme des rois » le jeudi 18 juillet pour un brunch. Au menu : des produits locaux tels que confitures, fromages, charcuterie, etc. Puis, une photo officielle, près des célèbres chutes, pour immortaliser cette visite avant que l’autobus des chefs ne reparte en direction de Niagara-on-the-Lake pour un arrêt chez un vignoble.
Au cours des jours suivants, ce « G-20 de la gastronomie » s’est rendu dans la capitale nationale où les membres ont été reçus par Justin Trudeau. « Dans tous les pays où nous allons, nous sommes reçus par le premier ministre », précise M. Bragard, en ajoutant que les chefs avaient aussi été invités à l’école Cordon Bleu d’Ottawa.
Le séjour au Canada pour ces prestigieux voyageurs s’est terminé à Montréal, où les chefs ont assisté entre autres au spectacle VOLTA du Cirque du Soleil en plus de visiter le siège social de l’entreprise. « Ces chefs-là ont la même problématique que nous, partage M. Bragard. Ils doivent nourrir leurs artistes qui proviennent des quatre coins du monde et qui doivent être aussi en pleine forme physique », conclut le porte-parole des Chef des Chefs.
Après cette semaine passée au Canada, ces professionnels de l’art culinaire commenceront-ils à s’inspirer des mets d’ici? Il faudra demander à Justin Trudeau de s’enquérir à ce sujet auprès de ses vis-à-vis…