Après 10 jours intensifs de 8e art francophone, Cinéfranco a fermé, le dimanche 6 avril, les portes du cinéma Royal, véritable institution torontoise, en lui donnant rendez-vous l’année prochaine. Sa 17e édition a de nouveau été un grand succès, à la fois populaire et artistique. Comme les années précédentes, les séances de fin de semaine, du vendredi soir, du samedi et du dimanche, ont fait salle comble. Il a même fallu refuser du monde sur certaines séances. Certains films ont eu un succès assez attendu, d’autres plus surprenant. 

Parmi les succès attendus, comme chaque année, les grandes affiches populaires. On pense par exemple à Quai d’Orsay, qui reprend la formidable bande dessinée de Christophe Blain et d’Abel Lanzac (dont le tome 2 a obtenu le prix du Fauve d’Or à Angoulême). Un film français grand public qui n’apporte pas grand-chose aux lecteurs de la bande dessinée originale, malgré un très bon, mais très vieillissant Niels Arestrup. Autres grands succès populaires, les reprises de la suite de Marcel Pagnol, Marius et Fanny.

Plus intéressant, 9 mois fermes, comédie décalée et burlesque d’Albert Dupontel, qui a raflé plusieurs césars, dont celui du meilleur scénario et de la meilleure actrice pour Sandrine Kiberlain. Le film réussit l’exploit rare de sortir du ton convenu habituel et franchouillard du genre, parasité par des Danny Boon et des Kad Merad. 

De manière assez frappante, un des grands succès populaires du festival est le film français La Cage dorée, de Ruben Alves, un film qui fait le lien entre la communauté portugaise et francophone, puisqu’il raconte l’histoire d’une famille d’origine lusitanienne en France, qui se découvre un héritage au Portugal. Il faut savoir que la communauté lusophone en région parisienne est particulièrement nombreuse et dynamique. Ce film a en tous cas drainé la communauté portugaise de Toronto, pour un très bel échange culturel. 

Il aura également été noté la très grande discrétion du cinéma francophone canadien. Outre qu’il est quasi inexistant en dehors du Québec, dans le cadre de Cinéfranco, il semble être victime de son succès. Les réalisateurs québécois les plus actifs (Dennis Villeneuve, Jean-Marc Vallée, Denis Côté, Philippe Falardeau), lorsqu’ils ne tournent pas en anglais, sont déjà abondamment distribués à Toronto. Leur succès rend leur présence à Cinéfranco moins évidente pour les distributeurs, au grand dam de la présidente fondatrice du festival, Marcelle Lean, grande spécialiste du cinéma canadien. Elle a tout de même réussi à faire venir Jimmy Larouche pour présenter La Cicatrice. 

Enfin, il faudra relever la séance de courts-métrages consacrés à l’homosexualité du mercredi 3 avril. Le maillot de bain, Septième ciel, Hazel et Histoire Belge ont chacun montré des facettes de la vie homosexuelle. Des aspects les plus sombres au plus heureux, en passant par la problématique de la procréation assistée. 

Cinéfranco est de plus en plus visible, à Toronto, y compris dans les médias anglophones. Pour sa 17e édition, il semble avoir atteint une nouvelle maturité et drainer un nouveau public, qui dépasse celui des francophones et même des francophiles. L’alliage de films d’auteurs et de grands succès populaires, qui est sa marque de fabrique depuis tout ce temps, fait encore recette. Et ce n’est pas près de s’arrêter.