Cinéfranco, le festival de cinéma francophone de Toronto, aura lieu du 28 mars au 6 avril 2014, au cinéma Royal, sur la rue College. Comme les années précédentes, il propose un éventail de films francophones venus du monde entier. 

Chaque année, ce sont un millier de passionnés qui se pressent pour assister à la présentation des quelque 40 films francophones qui sont rarement visibles autrement dans les salles torontoises. D’ailleurs, Cinéfranco est le plus important festival de films francophones au Canada, à l’extérieur du Québec. 

Pour cette édition 2014, on remarque d’emblée un certain nombre de réalisateurs de culture ou d’origine maghrébine, qui sont de nationalité belge ou française. « Ce sont des réalisateurs particulièrement sensibles aux sujets du racisme, de l’égalité sociale et des droits humains. Ils sont dans l’air du temps, raconte Marcelle Lean, directrice et fondatrice de Cinéfranco. Leur présence est fortuite. » S’ils sont invités, c’est parce qu’ils sont doués, et non en raison de leurs origines. 

Plusieurs cinéastes seront en visite dans la Ville reine pour rencontrer leur public. Ce sera le cas d’Ismaël Saidi, réalisateur belge du film d’ouverture, Morrocan Gigolos, et du Québecois Jimmy Larouche dont le film L’intimidation traite des conséquences du harcèlement et de l’intimidation. On pourra aussi poser des questions après la projection de leurs films à Alain Minier (Un p’tit gars de Ménilmontant), Said Benyoucef, acteur de Boucherie Halal, Naoufel Berraoui (Youm ou Lila) et à Nabil Benyadir, réalisateur de La Marche, un film qui a créé l’évènement en France à l’automne 2013. Ce dernier film raconte la « marche des beurs », le périple d’une poignée de fils d’immigrés dans les années 1980, rejoints par des centaines de milliers de jeunes qui protestaient contre le racisme. À noter que l’ancienne mannequin québécoise Charlotte LeBon, passée par la présentation de la météo sur Canal + et aujourd’hui actrice fait partie de la distribution avec Jamel Debbouze.

À côté des grosses affiches du festival (Quai d’Orsay, tiré de la bande dessiné de Christophe Blain, ou Marius et Fanny, de Daniel Auteuil et d’après Pagnol, ou bien Elle s’en va avec Catherine Deneuve, Pour une femme, avec Magimel et Duvauchelle, ou encore 9 mois ferme, avec Albert Dupontel et Sandrine Kimberlain), figurent de petits films d’auteurs qui valent le détour. La cage dorée, curieux film sur la communauté portugaise en région parisienne, très nombreuse et dynamique. 

Également les deux recommandations de Marcelle Lean : La Cité Rose, hommage de banlieue parisienne à La Cité de Dieu, le fameux film brésilien qui a pour décors les favelas, et Rengaine, de Rachid Djaïdani. Une histoire d’amour contrariée entre une fille d’origine maghrébine et musulmane et un jeune homme africain chrétien. Pour Mme Lean, le premier a su « garder l’esprit de la cité de Dieu ». Quant au second, elle avoue avoir été « perturbée » par la façon dont le réalisateur a traité du sujet du racisme. « C’est une approche originale et intéressante qui nous fait réfléchir sur nos préjugés. Sa façon de filmer, avec des plans très proches, sublime le jeu des acteurs qui sont très bons. C’est un cinéma choc et très nouveau, peut-être le début d’un mouvement cinématographique. »