Richard Caumartin
Les administrateurs de Centres d’accueil Héritage se préparent à travailler sur leur nouveau plan stratégique 2024-2029 et, pour y arriver, l’organisme a organisé plusieurs consultations auprès de la communauté francophone du Grand Toronto avec l’aide de Marie-France Lefort.
La première rencontre a eu lieu le 10 avril, en présentiel, dans la région de Durham, puis la deuxième a eu lieu le 30 avril, en virtuel, pour le Grand Toronto. Par ce processus, l’organisme cherche à mieux comprendre les besoins des aînés francophones et ouvrir un dialogue sur des solutions inclusives adaptées aux besoins de la population vieillissante.
CAH est le seul organisme fondé et administré par des représentants de la communauté francophone qui offre des services aux aînés et adultes d’expression française à Toronto et dans la région de Durham. Il propose, entre autres, un service de location d’appartements dont certains sont subventionnés, des services de jour à Toronto et Oshawa, de l’aide à domicile et un Centre de vie active.
La première question posée aux participants de la rencontre du 30 avril avait rapport avec l’enjeu stratégique des services à domicile. « Le système de santé est en transition, indique Marie-France Lefort. Les équipes de Santé Ontario deviendront bientôt le guichet unique par lequel seront offerts des plans de services de soins de soutien à domicile. De plus, une étude récente indique que la majorité des Canadiens désirent vieillir à domicile, mais plus de la moitié connaissent des défis pour accéder à ces services. »
Vieillir à domicile
Mme Lefort a mentionné une statistique intéressante par rapport à cela, alors que la majorité des francophones de Toronto vivaient dans une famille biparentale, 12 710 francophones vivaient seuls et parmi ceux-ci, 55 % étaient des femmes. Alors elle a demandé aux participants en ligne quels étaient les enjeux pour la navigation des services de soins et services communautaires pour les aînés francophones dans le Grand Toronto?
L’un d’eux a répondu en affirmant que les services disponibles ne sont pas connus. « Le problème lorsque l’on rencontre des francophones ou des francophiles, c’est qu’ils ne connaissent pas CAH ni ce qu’il y a de disponible à Toronto. Nous devons trouver un meilleur moyen de les rejoindre », affirme-t-il.
La vice-présidente de CAH, Joyce Irvine, a répondu que, selon son expérience, « nous ne savons jamais qui va venir nous voir pour les soins à domicile, s’ils parlent français ou ont une certaine base de la langue, et des différentes cultures de la communauté francophone de la région. C’est un problème de continuité et de formation ».
« Santé Ontario va continuer à sous-traiter les services mais nous à CAH, nous ne le faisons pas, ajoute la directrice générale Barbara Ceccarelli. Si on réouvre cette conversation avec la communauté et les équipes de Santé Ontario, nous pourrions peut-être améliorer la situation. »
Puis à la deuxième question – La position unique de CAH offre-t-elle des occasions de développer un modèle gagnant pour aider à répondre aux besoins des francophones des régions du Grand Toronto non servies? » – Mme Irvine demandait pourquoi CAH ne pourrait pas assurer les services en français à domicile, devenir une agence en bonne et due forme pour Santé Ontario? Une idée que plusieurs ont trouvé très intéressante.
Une autre participante a demandé si le projet d’un deuxième site de CAH était toujours en cours ? Mme Ceccarelli a répondu qu’il était très difficile dans l’état actuel de la disponibilité très restreinte des terrains à Toronto et des coûts exorbitants, le projet est au point mort mais les administrateurs cherchent tout de même à trouver une solution de rechange et de meilleures opportunités, dont un partenariat avec un autre organisme.
Partenariats possibles
Cette discussion a mené à la troisième question : « Des partenariats avec d’autres organisations peuvent-ils faire partie de la solution? » La plupart des participants sont restés sans réponse à ce dilemme.
Autre enjeu important est celui de l’immigration francophone. Les immigrants sont confrontés aux problèmes d’accès au logement abordable, d’accès à l’emploi et à la sécurité d’un revenu suffisant pour survivre dans la grande région de Toronto, et où la clé est la maîtrise de l’anglais comme langue de travail.
Alors CAH se demande comment travailler ensemble pour faciliter l’accès aux personnes francophones vieillissantes ou en perte d’autonomie à des services adaptés à leur réalité linguistique et culturelle.
Pierre Gravel, un résident de Place Saint-Laurent, a fait valoir que « les francophones devraient lever leur chapeau à l’immigration francophone parce que c’est grâce aux immigrants si les deux paroisses francophones de la ville sont toujours ouvertes et que les écoles de langue française sont pleines ». D’où l’intérêt à travailler encore plus fort pour les intégrer et leur faciliter l’accès à ces services.
Une autre personne a parlé de jumelage avec les nouveaux arrivants au niveau du bénévolat ou à l’interne à CAH. Bref, chacun a émis son opinion sur les différents enjeux de l’organisme qui seront décortiqués dans la prochaine planification stratégique.
Photo (CAH): Le 10 avril, CAH a sondé les francophones de la région de Durham. De gauche à droite : Jean Tété et Fabien Schneider (CAH), Oureye Seck (Entité 4), Mireille Huneault (CMHA), Mireille Irakoze (Alzheimer Society of Durham Region), Barbara Ceccarelli (CAH), Hamzad Ziad, Joanne Chalifour (Proforem), Joseph Koona Nyemb (Entité 4), Clarisse Nangue (CAH) et Marie-France Lefort (Proforem)