Le 21e Festival du film juif de Toronto va prendre ses quartiers du 11 au 21 avril prochains au Hot Docs Bloor Cinema, au Al Green Theatre ainsi que dans différentes autres salles de la ville. Près de 100 films d’une quinzaine de pays sont à l’affiche cette année. Un chiffre important mais tout relatif quand on sait que plus de 400 films ont été envoyés au comité de programmation.
L’édition 2013 de ce festival mis sur pied pour explorer les différentes facettes de l’histoire et du monde juifs fait la part belle aux films francophones. Ainsi, ce ne sont pas moins de dix films en français qui y seront projetés. À signaler entre autres : Du vent dans mes mollets, une comédie de Carine Tardieu avec Agnès Jaoui, Isabelle Carré et Isabella Rossellini; Au cas où je n’aurais pas la Palme d’or de et avec Renaud Cohen, l’histoire d’un réalisateur névrosé qui se découvre une tumeur qu’il croit être cancéreuse et qui décide de faire un film sur sa fin proche; et l’acclamé Le chat du Rabin, merveilleux dessin animé de Joann Sfar et Antoine Delesvaux.
Mais le rendez-vous à ne pas manquer pour les cinéphiles francophones est définitivement Je suis venu vous dire… (Gainsbourg par Ginzburg), un documentaire de Pierre-Henry Salfati qui présente le célèbre chanteur avec ses mots à lui et des images d’archives jamais montrées jusqu’ici. Tous les thèmes chers à ce génie torturé se retrouvent dans les longs extraits d’interview : son malaise par rapport à sa « tête de chou », l’attachement à ses origines russes, son rapport compliqué aux femmes, l’alcool et les abus, sans oublier ce sentiment profond de culpabilité de faire un art mineur (la chanson) au détriment d’un art majeur (la peinture, un de ses grands dadas).
On apprend par exemple que pendant 15 ans, Gainsbourg essayait de peindre comme Raphaël mais détruisait quotidiennement ses toiles. Racontée à la première personne, cette autobiographie est à l’image de l’homme : brillante mais confuse, certaines des déclarations du grand Serge sonnant comme des mensonges de petit enfant espiègle. Comme lorsqu’il explique que, gamin pendant la Deuxième Guerre mondiale, le directeur de son école lui avait dit que les miliciens allaient venir pour une rafle, lui avait donné une hache et l’avait envoyé dans les bois, en lui conseillant de s’y cacher et de dire qu’il était fils de bûcheron si jamais il tombait sur la milice ou les SS. Que l’anecdote soit vraie ou pas n’a pas beaucoup d’importance : « Je suis venu vous dire… » colle à l’image de ce chanteur, crooner caché derrière un mur d’arrogance (de timidité?) : attachant malgré tous ses défauts.
Le Festival ouvrira le 11 avril prochain au Hot Docs Bloor Cinema avec le film Cowjews and Indians », documentaire qui raconte comment le réalisateur Marc Halberstadt a essayé de récupérer le domaine de ses parents pris par les nazis ainsi que les 65 ans de loyer. Dans sa tentative, il découvre que le domaine en question a été pris à des natifs et tente alors de tout faire pour que ce soit à eux que reviennent le terrain et le loyer.
Photo : Du vent dans mes mollets (2012)