Le 16 mars dernier, le Musée des Beaux-Arts de l’Ontario (AGO) a ouvert ses portes sur une nouvelle exposition consacrée au début de l’art florentin. Intitulée Le début de la Renaissance révélée : histoires et secrets dans l’art florentin, l’exposition a été mise sur pied en partenariat avec le musée J. Paul Getty (qui l’a présentée à Los Angeles de novembre 2012 à février 2013) et contient des pièces jusqu’ici jamais montrées au Canada.
Sasha Suda, curatrice-adjointe pour l’art européen à l’AGO, explique l’importance de cette période pour l’histoire de l’art. « Vers la fin du XIIIe siècle et durant le XIVe siècle,
la ville de Florence connaît un vrai boum économique avec l’apparition de nouvelles corporations et des classes de riches marchands et banquiers, déclare-t-elle. Ces nouveaux acteurs économiques vont demander aux artistes de peindre leur nouvelle réalité. C’est vraiment cette demande qui va donner naissance à la Renaissance florentine. »
Même si les noms de Michel-Ange et Léonard De Vinci viennent à l’esprit quand on parle de Renaissance italienne, le public peut découvrir le travail d’artistes jusqu’alors moins connus. « L’exposition présente des oeuvres d’artistes dont vous n’avez sûrement jamais entendu parler comme Pacino di Bonaguida, un peintre de manuscrits très prolifique, continue Sasha Suda. Parfois, ces artistes ne signaient même pas de leur nom comme le mystérieux Maître des effigies dominicaines ou le Maître de la Miséricorde. Quand on voit le travail de ces anonymes, on se demande comment de telles merveilles ont pu passer incognito. »
L’exposition est divisée en quatre parties, selon les thèmes abordés. « Les artistes dans Florence » montre l’essor de l’art florentin et comment les artistes étaient de plus en plus demandés, que ce soit par l’Église ou par de riches particuliers.
Les citoyens de Florence étaient de fervents croyants dans la vie après la mort et se disaient qu’en commandant des oeuvres utilisées pendant les prières, ils faciliteraient leur passage du purgatoire vers le paradis. Cette dévotion est le point central de la deuxième partie, dans laquelle on peut, entre autres, admirer des oeuvres dédiées à la Vierge Marie, à Saint Francis ou à Saint Dominique. La pièce de résistance de l’exposition réside sans doute dans la troisième partie, centrée sur le Laudario di Sant’Agnese. On peut y découvrir les 24 pages de ce qui constituait le livre de chant (ou laudario) d’une des plus vieilles confréries florentines, la Compagnia di Sant’Agnese. Ce magnifique manuscrit, aux enluminures exceptionnelles, constitue le pic de la visite. Enfin, la quatrième partie revient sur « La réinvention des contes dans l’art » et se penche sur les nouvelles techniques et idées qui poussent les artistes florentins à repenser la manière de représenter la vie des saints et de Jésus. Pour la première fois, des éléments de la vie de tous les jours apparaissent : des détails d’architecture, la mode vestimentaire ou les différentes classes de citoyens se retrouvent sur les toiles.
Les visiteurs peuvent admirer ces splendeurs jusqu’au 16 juin prochain. Des événements annexes viennent aussi compléter l’exposition. Entre autres, Frank, le restaurant de l’AGO, proposera des menus inspirés de la cuisine italienne et l’ensemble de musique de chambre vocale Lionheart interprétra le Laudario di Sant’Agnese le 6 avril.
Photo : Triptyque de la crucifixion de Bernardo Daddi