Le samedi 15 janvier, la conférencière Ophélie Delacour était de retour – en ligne, il va sans dire – pour initier le public de l’Alliance française à un autre grand peintre. En une heure, c’est donc à un tour d’horizon de la vie et de l’oeuvre de Paul Cézanne qu’une soixantaine de spectateurs ont été conviés.

« C’est un artiste qui va avoir une influence capitale sur tous les artistes qui vont venir ensuite », a commenté d’entrée de jeu Mme Delacour. Cela dit, Cézanne s’est aussi inscrit dans un mouvement artistique qui le dépassait et qui le précédait, du moins au début de sa carrière.

Né à Aix-en-Provence en 1839, il grandit au sein d’une famille relativement aisée. Enfant, il se lie d’amitié avec Émile Zola, qu’il continuera à fréquenter toute sa vie. Celui qui deviendra plus tard un des plus célèbres journalistes et écrivains français usera d’ailleurs de sa plume pour faire connaître son ami peintre et promouvoir l’art moderne en général.

Mais avant d’en arriver là, Paul Cézanne a d’abord dû se former. C’est à Paris qu’il vivra un temps et où il expérimentera quelques techniques de son cru. Ses toiles de cette époque se caractérisent par l’épaisse couche de peinture qui est appliquée au couteau (la petite truelle du peintre) ou même à la main. Cézanne deviendra plus tard célèbre pour ses paysages paisibles et ses natures mortes, mais ses premiers tableaux renvoient à des thématiques plus turbulentes, où la violence est évoquée sans détour.

Cependant, le succès n’est pas au rendez-vous sur le plan commercial. Qu’à cela ne tienne, l’artiste poursuit son parcours au gré de ses inspirations. Celles-ci se confondent avec un mouvement qui fera date dans l’histoire de l’art : « Il va y avoir un basculement au contact des artistes impressionnistes », a expliqué Ophélie Delacour.

En 1874, rassemblant d’autres artistes qu’il connaît, Cézanne décide d’ailleurs d’organiser ce qui sera la première exposition d’impressionnistes. Il y expose notamment deux oeuvres qui se distinguent l’une de l’autre par leurs styles très différents et qui connaîtront un certain retentissement : Une moderne Olympia et La maison du pendu.

L’artiste y définit alors une approche qui deviendra sa marque personnelle. « Ce qui sera caractéristique de Cézanne, c’est ce travail sur la perspective et l’harmonie des couleurs », a indiqué Mme Delacour.

En effet, Paul Cézanne s’est employé alors et jusqu’à la fin de sa vie à mettre l’accent sur les sensations et les ambiances, exprimées par des couleurs parfois arbitraires. Se refusant à faire de la peinture « photographique », il se plaisait aussi parfois à brouiller les cartes au niveau de la perspective.

En 1886, ses soucis financiers deviennent choses du passé alors qu’il hérite de son père. Dans les années 1890, il connaît davantage de succès grâce à Ambroise Vollard, un marchand d’art qui s’emploie à faire sa promotion. Paul Cézanne est alors au sommet de son art et se distingue de plus en plus de ses pairs.

Contrairement aux autres impressionnistes, il n’a jamais souhaité peindre des scènes de la vie quotidienne. Ce qui le fascine sont les couleurs et les formes. Sa peinture deviendra d’ailleurs de plus en plus géométrique vers la fin de sa carrière et constituera une inspiration pour les cubistes.

Ayant emprunté une voie bien à lui, Paul Cézanne est parfois considéré comme un néo-impressionniste. Il meurt en 1906, laissant un héritage artistique qui se retrouve aujourd’hui dans les plus grandes galeries du monde.

PHOTO – Nature morte aux pommes et aux oranges (1899) est un exemple de « basculement des plans », tel que le décrivait Cézanne, et qui se traduit par une image où tout semble sur le point de chuter.