Après son succès en 2016, le collectif Les murs ont des yeux remet au goût du jour la pièce éponyme de A-M. Matte, à l’occasion du festival Fringe, à Toronto. Jusqu’au 16 juillet au Théâtre Tarragon, cinq comédiens plongent le public dans le quotidien d’une famille en apparence heureuse et sans histoire. Témoins de violence au sein du couple, les personnages qui vivent ensemble vont réagir chacun à leur manière, se réfugiant dans le déni.
Rarement évoqué sur les planches, le thème de la violence conjugale a trouvé un fidèle messager auprès du collectif torontois. « Le théâtre est un support original pour sensibiliser différemment sur un fait de société entouré par encore trop de tabou, explique la metteur en scène Magalie Rouillard Bazinet, qui assure que beaucoup de spectateurs se reconnaîtront dans un des personnages.
« Tout le monde a vu ou entendu parler de ces situations. En général, le réflexe est l’évitement plutôt que l’affrontement. Dans cette pièce, on ne montre pas la violence mais on en parle. On voulait éviter de tomber dans la lourdeur. On reste dans le symbolisme. Notre intention est de faire réfléchir, préparer les gens à cette situation et pousser ceux qui en ont déjà été témoins à agir pour la faire cesser », espère-t-elle.
Chaque personnage représente des murs de la maison et se rend complice d’une atrocité par son silence coupable, selon la metteur en scène qui a procédé à un changement notable par rapport aux représentations précédentes : « Pour être plus fidèle à l’œuvre originale, nous avons changé la raison d’être du personnage du mouton noir. Auparavant il n’entendait pas la violence au début de la pièce alors que maintenant il l’entend mais essaie de l’ignorer. Cela donne plus de sens et de force au déni », juge Mme Rouillard Bazinet.
Alors si habituellement on ferme les yeux sur la violence conjugale, il faudra les ouvrir en grands les 12, 14, 15 et 16 juillet lors du seul spectacle en langue française (et sous-titré en anglais) du Festival Fringe (12 $) pour faire tomber un peu plus le mur du silence.

Photo : de gauche à droite: Benoît Trudel, Barbara-Audrey Bergeron, Michèle Tredger, Magalie Rouillard Bazinet, Alexandre Nanot, Geneviève Fontaine et A.M. Matte.