Sharif Hassan
Des dizaines de personnes en deuil ont partagé un moment de silence solennel, le dimanche 23 avril, alors qu’elles se rassemblaient pour marquer le cinquième anniversaire de l’attaque au camion-bélier de Toronto, qui a été l’un des pires meurtres de masse au Canada.
Les proches des 11 victimes de l’attaque, des politiciens et des membres de la communauté torontoise ont regardé tranquillement les noms des personnes tuées le 23 avril 2018 défiler sur un écran dans une salle de cinéma près du lieu du crime.
L’attaque, qui a coûté la vie à 10 personnes sur le coup et qui a vu une autre femme mourir de ses blessures des années plus tard, s’est produite lorsqu’un homme a délibérément foncé avec sa camionnette sur un trottoir achalandé de la rue Yonge.
L’événement de dimanche visait à s’assurer que les victimes de l’attaque ne soient pas oubliées, a souligné son organisateur, Omar Hassan.
« Nous voulons nous assurer que nous avons un espace où nous pouvons encore nous souvenir des victimes et de ceux qui ont été touchés par la tragédie », a mentionné M. Hassan, notant qu’il se souvient encore des sons qu’il a entendus lorsqu’il est arrivé sur les lieux ce jour-là.
« C’est difficile à décrire, mais le chagrin, les gens qui crient, les gens qui pleurent? »
Les politiciens locaux présents dimanche ont également réfléchi à la façon dont l’attaque a changé à jamais la cohésion sociale de la ville.
« C’est toujours aussi choquant, même cinq ans plus tard, de penser à quel point notre innocence en tant que communauté et en tant que ville a été perdue », a affirmé la conseillère municipale Lily Cheng, qui représente le quartier où l’attaque a eu lieu à l’hôtel de ville.
Après la cérémonie pour les proches, des dizaines de parents, membres de la communauté et personnalités publiques ont encerclé le bassin de la place Mel Lastman et jeté des bateaux en papier portant de minuscules lumières D.E.L. sur l’eau, pendant qu’un musicien chantait et jouait de la guitare.
Betty Forsyth, Ji Hun Kim, Sohe Chung, Geraldine Brady, Chul Min Kang, Anne Marie D’Amico, Munir Najjar, Dorothy Sewell, Andrea Bradden et Renuka Amarasingha sont morts lors de l’attaque. Amaresh Tesfamariam est décédée des suites de ses blessures plus de trois ans plus tard.
Des impacts qui persistent
L’auteur de l’attaque, Alek Minassian, a été reconnu coupable de 10 chefs d’accusation de meurtre au premier degré et de 16 chefs de tentative de meurtre. Il a affirmé lors de son procès avoir été irrité par des femmes qui ne voulaient pas avoir de relation avec lui et avoir été radicalisé sur internet. Le juge a conclu qu’il avait mené l’attaque au camion-bélier pour gagner en notoriété.
M. Minassian a été condamné à la prison à vie l’année dernière sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Il a porté sa condamnation en appel.
La Ville de Toronto a déjà indiqué qu’elle s’affaire toujours à ficeler les derniers détails pour l’installation d’un mémorial permanent honorant les vies perdues lors de l’attaque.
Dans une déclaration publiée à l’occasion du cinquième anniversaire de l’attaque, la mairesse adjointe Jennifer McKelvie a reconnu qu’il reste un peu de travail à faire dans le dossier du mémorial.
« Dans les prochains mois, la Ville travaillera avec un comité consultatif pour lancer un concours au sujet d’un mémorial permanent afin d’honorer la mémoire des victimes et la résilience de la communauté locale », pouvait-on lire dans le communiqué.
« La Ville a consulté les familles des victimes pour développer une vision du mémorial et continuera d’être guidée par leur contribution. »
Source : La Presse canadienne
Photo : archives Le Métropolitain (nous avons été sur place quand c’est arrivé)