Lorsque l’on compare les amoureux du pinceau avec les adeptes du compas et autre distillateur, il n’y a à première vue que peu de points communs. Et pourtant! Afin de célébrer ce qui unit ces deux castes distinctes, le Centre des sciences de l’Ontario organise une exposition intitulée L’Art de l’invention. Une explosion de couleurs doublées de quelques racines carrées en somme.
Il s’agit là de mettre en avant la vitalité ainsi que l’originalité des jeunes par le biais d’une collaboration entre deux mondes. Le processus de création est identique en soi : des idées sont couchées sur le papier et travaillées jusqu’à leur expérimentation, toujours en quête de nouveauté, du petit détail qui fera toute la différence. Pour rendre ces travaux encore plus percutants, les thèmes des œuvres présentées sont actuels et plus que jamais controversés. Environnement, développement durable ou encore la santé sont mis en avant et les compositions réalisées de manière à ce que le public apporte ses propres réponses aux problématiques posées.
Les productions exposées sont celles des jeunes lauréats du Prix d’Innovation Weston, une récompense décernée tous les ans à un jeune canadien âgé de 14 à 18 ans, ainsi que celles d’étudiants inscrits à l’Ontario College of Art and Design (OCAD). Le plus fascinant, c’est que ce sont des élèves eux-mêmes qui ont commandité cet évènement, œuvrant principalement en muséologie (Jana Black et Adrienne Constantino) et en sciences humaines. Le tout fut en revanche dirigé par le professeur Pam Patterson et son assistante Natalie Waldburger, tous deux officiant à l’Université OCAD.
Parmi les « artistoscientifiques » présentés, se trouvent notamment Geneviève Blais ayant récemment complété sa thèse en photographie. Ses œuvres ont été largement exposées à l’échelle nationale et internationale, faisant donc de cette Torontoise l’une des figures montantes de l’art canadien. Elle explique plus en détails ce dont il est question dans cette exposition : « Ma contribution a été inspirée par l’invention de la planche dorsale universelle, qui fut conçue pour réduire le taux de mortalité lié aux problèmes de colonne vertébrale ».
Intitulée Handle With Care, cette sculpture en résine dépeint une colonne humaine associée à des papillons séchés. « Je voulais utiliser le jargon scientifique pour mesurer les différences évidentes entre art subjectif et science objective, dit-elle. En utilisant un modèle anatomique directement lié au thème, ainsi qu’un spécimen naturel symbolisant métaphoriquement la mort, j’ai voulu renverser cette distinction en utilisant son propre langage. »
Le défi est d’autant plus grand pour la jeune artiste qui est à la base une professionnelle de l’objectif mais pas de la sculpture. « Dans mon approche de la photographie, j’élabore souvent des scènes, des costumes et des détails. Mes compétences m’ont donc permis d’effectuer facilement la transition vers un média en trois dimensions. » Actuellement à l’œuvre dans plusieurs projets collaboratifs, elle vise à dépasser les limites de l’art visuel et à en élargir la définition.
L’exposition L’Art de l’invention est présentée jusqu’au 28 septembre au Centre des sciences de l’Ontario au 770, rue Don Mills.