Première femme portée au poste de première ministre de l’Ontario, première homosexuelle revendiquée, Kathleen Wynne a composé un gouvernement relativement classique. Officiellement assermentée le lundi 11 février, elle a dévoilé les membres de son cabinet à cette occasion.
« Un changement dans la continuité, analyse Alexandre Brassard, politologue et professeur de science politique au Collège universitaire Glendon. Il y a dix nouveaux ministres, mais les principaux ministères sont entre les mains des ministres les plus expérimentés. »
En effet, Deb Matthews demeure ministre de la Santé et des Soins de longue durée, mais devient également vice-première ministre. Glenn Murray, récompensé par son soutien à Mme Wynne pendant la course à la direction du parti, devient ministre des Infrastructures et des Transports tandis qu’Eric Hoskins hérite du poste de ministre du Développement économique, du Commerce et de l’Emploi, tandis que Harinder Takhar demeure en poste à titre de ministre des Services gouvernementaux.
« Ce qu’il faut noter, relève M. Brassard, c’est qu’il s’agit d’un gouvernement propre, sans soupçons de corruption. » Mais a-t-on pour autant un cabinet compétent? « C’est la grande question, poursuit-il. Il y aura nécessairement une période d’apprentissage pour les nouveaux ministres. On peut penser notamment à Liza Sandals, qui fera son apprentissage au poste de ministre de l’Éducation. Un poste sensible, pour un dossier très important. Peut-être que Mme Wynne a grande confiance en Mme Sandals, mais c’est un choix qui me semble risqué. »
Pour autant, la première ministre a fait savoir qu’elle accorderait une importance particulière à l’éducation, elle qui a occupé ce poste par le passé. Il est probable qu’elle pilote les grands dossiers au début de son mandat. « Reste qu’il s’agit d’un portefeuille de 22 milliards, et que Mme Sandals a peu d’expérience. On verra si elle saura faire face au défi. Être néophyte ne signifie pas être incompétent, ajoute Alexandre Brassard. Le ministère des Finances est confié à un banquier, M. Souza. Tandis que Deb Matthews a fait ses preuves à la santé. À part Mme Sandals, qui devra faire ses preuves dans un grand ministère. »
En ce qui concerne M. Murray, Torontois depuis quelques années, et qui change une nouvelle fois de ministère, M. Brassard affirme que « les dossiers de l’infrastructure ne lui sont pas inconnus. Il a été maire de Winnipeg. » Le fait d’avoir mis un élu de Toronto à ce poste montre bien l’attention qu’ont les projets de la Ville reine dans l’esprit de la première ministre.
« Avec l’autoroute Gardiner qui tombe en morceaux et le système de transport cher et obsolète, on parle de près de 35 milliards d’investissements nécessaires en infrastructure. » De manière générale, la ville semble être au cœur des préoccupations du gouvernement, dont une majorité est issue de l’échelon municipal.
Seul grand bémol, pour Alexandre Brassard, ce gouvernement n’est pas paritaire. Les femmes y sont en grande minorité. « Toutefois, cet état de fait est contrebalancé par la présence de femmes aux postes clés. La première ministre, bien sûr, mais également la vice-première ministre, Deb Matthews. »
Avec l’épée de Damoclès d’élections provinciales qui pourraient arriver n’importe quand, Kathleen Wynne devra aller chercher des résultats rapidement, si elle veut faire oublier les couacs de son prédécesseur, et peut-être devenir la première femme élue à la tête de l’Ontario.
Photo : Kathleen Wynne