À eux tous, ils forment un véritable arc-en-ciel. Ils sont venus d’Amérique latine, des États-Unis, de Russie, d’Europe centrale et d’Asie, parlent déjà plusieurs langues et ont reçu des formations professionnelles diverses. Tous se rejoignent sur deux points : ils ont choisi de s’établir au Canada et d’améliorer leur français.

Deux soirs par semaine, ils se rencontrent dans la classe de Jamie Broad au Collège Boréal pour parfaire leur connaissance de la langue de Molière. Déjà très à l’aise pour s’exprimer oralement en français, cette quinzaine d’étudiants suivent le programme de Cours de langue pour immigrants au Canada (CLIC), un projet pilote lancé par Citoyenneté et Immigration Canada. Ces classes s’adressent aux immigrants qui ont obtenu la résidence permanente au Canada. Le programme organisé selon 12 niveaux vise à développer la capacité des participants à travailler en français. Des cours semblables existent également en anglais.

Pour beaucoup d’entre eux, le français est une histoire d’amour qui dure depuis quelque temps. Aline avait étudié le français à l’université en Ukraine. Yuliana avait fait de même en Russie. Férue de littérature française, elle souhaite pouvoir lire les œuvres dans la langue d’origine. Claire, Erika et Vedran ont suivi des cours de français à l’Alliance française avant de venir au Canada. Juan Carlos se souvient d’avoir conversé en français avec son grand-père français. Vladimir eut l’occasion de pratiquer son français avec des Québécois quand il travaillait dans le milieu du tourisme à Cuba. Souleiman a séjourné à Djibouti, pays limitrophe de l’Éthiopie, son pays natal.

D’autres ont déjà acquis un excellent niveau de français grâce au programme CLIC. C’est le cas de Leelia qui participe au cours depuis deux ans. Certains d’entre eux cherchent à poursuivre une carrière déjà entreprise dans leur pays d’origine et estiment que le succès passe par une bonne connaissance du français. Marianna, avocate et originaire de Saint-Pétersbourg, se prépare à repasser ses examens de droit. Elle s’étonne qu’un grand nombre d’Ontariens ne maîtrisent pas l’autre langue officielle.

Un certain nombre tirent déjà profit de leurs compétences linguistiques. Helia et Liliana occupent des postes bilingues. Andrea œuvre au sein d’une agence gouvernementale en tant qu’interprète auprès des réfugiés Roms à Toronto.

Leur volonté de s’intégrer rapidement dans le monde du travail au Canada est évidente. Liliya ne chôme pas puisqu’elle détient deux emplois. Carlos travaille pour les services de planification stratégique à la mairie de Toronto. José vient de terminer une formation d’ingénieur du son et compte bien trouver un emploi dans son nouveau domaine.

Tous manifestent beaucoup de curiosité vis-à-vis de la francophonie. À peine arrivé à Toronto, l’un d’entre eux a tout de suite cherché des occasions de parler français. Pour d’autres, un séjour au Québec avant de venir s’établir en Ontario leur a permis de se familiariser avec le français du Canada. Une d’entre elles confie qu’elle se sentait un peu comme un animal domestique au début, capable de comprendre mais pas en mesure de répondre!

Il est fort à parier que d’avoir choisi d’apprendre à parler le français couramment va contribuer grandement à leur installation au Canada. De son côté, la communauté francophone torontoise vient de s’enrichir d’une quinzaine de nouveaux membres.

Photo : De gauche à droite : (assis) Helia Oghani, Juan Carlos Fernandez, Erica Shimabukuro ,
José Ocando, Jamie Broad (enseignante); (debout) Vladimir Mitchell, Liliana Baquero, Claire Young, Andréa Toth, Liliya Shikhbadinova, Souleiman Ali, Yuliana Yakimchuk, Aline Nikolayenko, Vedran Tintor, Marianna Nikoforova, Leelia Pekarsky et Carlos Duran