De passage à Toronto, l’auteure française Maryam Madjidi est venue présenter Marx et la poupée, prix Goncourt 2017 du premier roman à la bibliothèque de l’hôtel de ville de Toronto.
Interrogée par Camille Cloarec du service culturel du Consulat de France, la romancière parle de sa vie avec passion. Le spectateur apprend qu’elle quitte son pays natal, l’Iran, confronté à de grands bouleversements politiques à l’âge de 6 ans et arrive en France en 1986.
Toute jeune, elle ressent le besoin d’écrire et compose des poèmes qui n’ont jamais été publiés. Il est donc tout naturel pour elle d’entreprendre des études de lettres à la Sorbonne et puise dans ses racines pour son sujet de mémoire qui portera sur le poète Omar Khayyam et le romancier Sadegh Hedayat.
« Je ne voulais pas faire sur Proust comme tout le monde », confie la romancière. À l’âge de 23 ans, elle part vivre à Pékin. C’est à ce moment-là qu’elle commence l’écriture de Marx et la poupée.
« J’ai écrit 30 pages qui sont aujourd’hui dans ce livre. Puis je n’y ai pas touché pendant un an peut être parce qu’il fallait laisser mûrir le texte dans mon esprit », confie-t-elle.
En arrivant à Istanbul, elle continue l’écriture de ce livre. « Deux mois avant de rentrer en France, je me suis mise à écrire à raison de huit heures par jour de façon intense et régulière et j’ai rédigé plus de 80 % du texte à ce moment-là. Ce roman m’a accompagnée dans cette vie à l’étranger », ajoute-t-elle.
Dans Marx et la poupée, l’auteure évoque trois étapes cruciales de sa vie, « trois naissances » comme elle le dit. Tout d’abord, elle raconte sa naissance jusqu’à ses 6 ans en Iran, puis son arrivée en France. « C’est pour moi comme une deuxième naissance. Celui qui naît presque dans un nouveau pays, qui doit apprendre une nouvelle langue, une nouvelle manière de ce comporter, de manger de penser », souligne-t-elle. Et enfin, le troisième temps fort : le retour en Iran, qui vient à l’âge de 23 ans, après 17 ans d’absence. « J’y suis allée plusieurs fois. Cette quête d’identité ne s’arrête jamais, précise-t-elle. On est entre deux racines, entre deux mondes. »
Maryam Madjidi est une auteure à suivre et son roman Marx et la poupée deviendra nul doute un classique de la littérature.
PHOTO : Maryam Madjidi (à gauche) et Camille Cloarec