OTTAWA – Le gouvernement fédéral prévoit débourser près de 1,5 milliard $ en soutien aux petites et moyennes entreprises au cours des cinq prochaines années pour les aider à s’adapter à la tarification du carbone, sans toutefois les exonérer de cette nouvelle taxe.
La ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, a déclaré que le gouvernement ne permettrait plus à qui que ce soit de polluer gratuitement au Canada, mais que les petites entreprises seraient appuyées dans l’amélioration de leur efficacité énergétique.
La pollution est déjà dispendieuse en soi, fait valoir la ministre McKenna, alors que les coûts occasionnés par des phénomènes météorologiques liés au réchauffement planétaire ont atteint 1 milliard $ par année au Canada.
« Que l’on soit camionneur, fermier ou propriétaire de petite entreprise, un écologiste ou un enfant, nous payons tous le prix des changements climatiques en ce moment », a-t-elle signalé.
Mais des députés conservateurs ont présenté le vendredi 26 octobre une liste d’entreprises qui affirment que la taxe sur le carbone leur nuira.
Parmi celles-ci figure Bert Baxter Transport, d’Estevan, en Saskatchewan.
Son propriétaire, Darryl Shirley, croit que le financement fédéral ne lui sera pas d’une grande aide. Son entreprise emploie près de 80 personnes et détient présentement une soixantaine de camions sur la route, qui consomment plus de quatre millions de litres de diesel par année.
Avec une taxe qui atteindra 50 $ la tonne en 2022, le prix du litre de diesel grimpera 13,7 cents – et les coûts de carburant de Bert Baxter Transport bondiront de 554 171 $.
Alors que le gouvernement espère que sa taxe sur le carbone incitera les entreprises à investir pour réduire leurs coûts énergétiques, M. Shirley souligne que dans son cas, les camions électriques ne constituent pas une solution immédiate, faute d’infrastructures de recharge.
Les petites et moyennes entreprises paieront la nouvelle taxe sur leurs coûts énergétiques intrants – à une hauteur de 20 $ la tonne en 2019, augmentant de 10 $ par année pour atteindre 50 $ la tonne en 2022.
Les grands pollueurs industriels seront pour leur part taxés en fonction d’un plafond d’émissions, fixé entre 80 et 90 % de la moyenne de leur secteur industriel. Les grandes entreprises ne seront donc taxées que sur leurs émissions au-delà de ce plafond.
Les libéraux fédéraux en sont aux dernières étapes de la mise en oeuvre d’une taxe nationale sur le carbone, promise lors de la campagne électorale de 2015. Le 23 octobre, le gouvernement de Justin Trudeau a souligné que six des dix provinces et l’ensemble des territoires ont déjà implanté leur propre tarification du carbone ou opté pour le système proposé par Ottawa.
Celui-ci sera imposé à la Saskatchewan, au Manitoba, à l’Ontario et au Nouveau-Brunswick, qui ne se sont pas encore conformés aux exigences fédérales.
La taxe permettra de percevoir 2,3 milliards $ dès le prochain exercice financier et 90 % de cette somme sera retourné aux ménages canadiens via leurs remboursements d’impôts.
Les 10 % restants iront vers un programme destiné à aider les petites entreprises et autres organisations qui ne peuvent pas refiler leur facture aux consommateurs. Les détails de ce mécanisme restent à être déterminés, mais une sorte de programme d’efficacité énergétique semble être envisagé.
SOURCE : Mia Rabson, La Presse canadienne