Poutine. Avant d’être un président russe autoritaire et caractériel, le mot évoque une lourdeur et une promesse. La lourdeur d’un gros plat de frites à la sauce brune, avec ses grains de fromage (fromage non fondu, c’est important) qui bouche les artères. La promesse de la satiété, mais aussi de l’union. Celle des deux solitudes, anglophone et francophone, enfin réunies autour d’une gloutonnerie.
La poutine, c’est connu, vient du Québec. La Banquise, à Montréal, ou Chez Ashton, à Québec, sont sur la « route de la poutine », qui existe, comme il existe des routes des vins. Cela fera peut-être s’étrangler les puristes québécois, mais Toronto compte un certain nombre de poutines qui valent le détour. De préférence tard, le soir.
Avec un nom pareil, Poutini’s ne se cache pas. Sis sur la rue Queen Ouest, c’est le repaire des affamés du samedi soir. La poutine y est grasse, classique dans sa forme, les pommes de terre, qui viennent de l’Île-du-Prince-Édouard, sont coupées à la main, et la sauce brune est versée avec parcimonie. Les options restent volontairement réduites. Tout juste peut-on y manger végétarien ou sans gluten et ajouter des suppléments classiques.
Poutineville est une chaîne montréalaise qui vient d’ouvrir une succursale à Toronto. D’ailleurs, vous l’entendez, la note francophone? Poutineville a ouvert dans l’Annexe, dans un bel espace, qui accueille depuis des hordes d’étudiants en quête de leur dose de malbouffe. Par rapport à ses équivalents montréalais, l’endroit se veut un peu plus recherché dans sa décoration. Le style est volontiers post-industriel / chic. Quant au menu, il reprend les classiques et ajoute une variété impressionnante. On notera la Poutine « filet mignon », pour les carnivores. À noter qu’il est possible de créer sa propre poutine. Pour les pygmalions.
Holy Chuck Burgers n’est pas spécialisé dans la poutine, comme son nom le laisse entendre. Oui, mais voilà, l’endroit mérite sa place sur cette liste. Le choix est pourtant restreint. Deux options. La première est la poutine classique. La seconde est une poutine au… foie gras! Et oui. Et pourquoi pas?
Enfin, ce serait dommage de rater ce petit secret chez les amateurs de poutine. Un petit secret de moins en moins bien gardé, d’ailleurs. Celui de « Nom Nom Nom ». Un petit coin de paradis, puisque ce restaurant de poche est situé dans un conteneur, sur Dundas, au coin de Bathurst. Marc, qui s’est d’abord spécialisé dans les crêpes avant d’élargir son offre à la poutine, est originaire du Québec. Il affine son fromage chez lui et arbore un grand drapeau français sur son espace. Bref, de l’avis des inconditionnels, c’est la meilleure poutine de la ville.