La discussion ayant pour thème Le Rêve de Champlain, la rencontre de deux cultures, animée par la chef d’antenne du Téléjournal Ontario Catherine Lafrance, en présence de Jean Sioui, Natasha Kanapé-Fontaine, Daniel Marchildon, Virginia Pessemapéo Bordeleau, Rhéal Cenerini et le chanteur Michel Paiement, s’est déroulée au Salon du livre le vendredi 5 décembre. Ensemble, ces poètes, artistes et auteurs ont discuté de leur vision du rêve de Champlain et des relations avec les communautés amérindiennes un peu partout dans le Canada francophone.
Michel Paiement a ouvert la discussion en interprétant la chanson Wendake qui parle des Wendats. Le rêve de l’explorateur humaniste Samuel de Champlain était la rencontre pacifique des cultures amérindiennes avec celle des explorateurs européens. La question au cœur de cette discussion était de savoir si cette rencontre avait vraiment eu lieu comme il l’avait espéré et où en était la situation de nos jours.
Le poète et chef Wendat Jean Sioui explique que cette rencontre « obligatoire » a bel et bien eu lieu et s’est faite naturellement, « même si ce que Champlain avait voulu faire, c’était de nous changer ». Cet auteur œuvre pour « que les gens cessent de dire qui on est » car beaucoup d’écrivains ont écrit à ce sujet, mais à l’époque ces peuples n’avaient pas les moyens de se défendre, constate-t-il. L’auteure métisse cri, Virginia Pessemapéo Bordeleau, est le fruit de la rencontre des deux peuples, et pense que l’union s’est faite « malgré un refus de l’identité amérindienne ». En effet, elle explique que beaucoup de Québécois ont des ancêtres amérindiens et n’acceptent pas cette identité. Elle a longtemps été responsable d’un centre autochtone où elle explique qu’au fil du temps les jeunesses se sont réconciliées : « La communauté a fini par comprendre qu’un Amérindien, c’est respectable ».
Pour représenter les jeunes générations, Natasha Kanapé-Fontaine, slammeuse innue originaire du village de Pessamit sur la Côte-Nord s’interroge : « Comment se fait-il que le Québec soit fondé sur des valeurs d’union entre les peuples et qu’aujourd’hui on ait tant de mal à répondre à ce rêve? ». Pour elle, la réponse à cette question se trouve, dans le colonialisme, car les « explorateurs ont voulu se fondre sur ces terres ». Elle ajoute qu’au Québec la sensibilisation à ce sujet s’intensifie grandement, ce qui lui donne l’impression « que l’on s’approche de plus en plus du rêve de Champlain ».
Trouver son identité a été le fruit de longues recherches et rencontres diverses. Elle parle des nouvelles générations entre Québécois et peuples amérindiens en déclarant : « Nous avons des bagages différents. Nous ne sommes pas des victimes directes. Pour moi, on est libre de construire un Québec à deux ».
Daniel Marchildon a, quant à lui, lu un extrait de son livre « L’Eau de vie » dans lequel il raconte une cérémonie à laquelle Étienne Brûlé aurait assisté, et au cours de laquelle les jeunes couples étaient invités à s’accoupler pour susciter la guérison d’un malade. Puis, il a évoqué l’apport du christianisme avec Samuel de Champlain et l’impact sur ces populations.
Enfin, l’auteur manitobain, Rhéal Cenerini, raconte que le politicien métis Louis Riel, père de la province dont il est originaire, s’est battu pour les droits et la culture du peuple métis à un moment où la présence des colonisateurs se faisait de plus en plus forte au Canada. Il explique à quel point il est facile de retrouver ses racines au Manitoba en remontant seulement une génération.
Une discussion à la fois historique et d’actualité, riche en témoignages qui varient entre les différentes provinces mais qui semblent montrer que l’on s’approche du rêve de Champlain.
Photo : Le panel d’invités pour la discussion « Le Rêve de Champlain »