Le Club Richelieu Toronto tenait la finale de son 44e concours annuel d’art oratoire le 22 avril dernier. S’adressant aux élèves des 7e, 8e et 9e années, l’événement s’est déroulé pour la première fois dans le théâtre du Collège universitaire Glendon, un environnement choisi pour donner aux jeunes un cadre d’expression en phase avec l’éloquence requise pour s’adresser à un public.

Cette grande finale bénéficiait de la collaboration de plusieurs personnalités de marque. Outre le comédien Pascal Boyer qui, pour l’occasion, avait endossé les fonctions d’animateur, le concours comptait sur un jury composé de Lina Blais, comédienne et auteure, Mario Bruyère, danseur et administrateur de projets artistiques, Fabienne L’Abbé, réalisatrice-productrice, Nathalie Nadon, comédienne et chanteuse, et Pierre Simpson, comédien et metteur en scène.

C’est devant cet aréopage de professionnels des arts de la scène que les jeunes devaient se produire à l’exception des élèves de 9e année inscrits dans la catégorie « essai ». En effet, le Club Richelieu Toronto, désireux d’innover et de susciter la participation des jeunes adolescents habituellement plus réticents à s’exprimer en public, leur a offert une alternative consistant à rédiger un texte d’opinion devant être lu par quelqu’un d’autre. Le narrateur recruté pour l’occasion par l’organisme n’était autre qu’Yves-Gérard Méhou-Loko, ancien animateur à Radio-Canada et aujourd’hui enquêteur principal au Commissariat aux services en français de l’Ontario.

Dans la catégorie « essai », l’assistance a donc entendu les textes de Cristina Lyons sur l’importance, pour les sportifs, de prendre un temps d’arrêt pour se remettre d’une commotion cérébrale, et d’Ella Debaras, sur la nécessité d’améliorer le bilinguisme des jeunes à l’école.

Dans la catégorie traditionnelle du « discours », du côté des élèves des 7e et 8e années, Lima Hallak a parlé des améliorations à apporter au système d’éducation dans ses approches et modes d’évaluation pour prendre en compte les aptitudes de l’ensemble des jeunes. Sébastien Farnham a rendu hommage à son arrière-grand-mère Béatrice, âgée de 103 ans, et mis en évidence les changements sociaux et technologiques qu’elle a connus au cours de sa vie. Quant à Marème Diongue, elle s’est risquée à aborder le sujet controversé de l’euthanasie pour apporter son soutien à sa légalisation, évoquant des motifs médicaux, juridiques et d’humanité.

Dans la même catégorie, Anna Kravchenko, 9e année, a mis en lumière le caractère envahissant des téléphones cellulaires et leurs conséquences sur la sociabilité et la santé physique et mentale.

L’autre catégorie bien connue des concours oratoires est celle de l’« expression dramatique ». Dans le cas présent, deux jeunes de 7e et 8e années se sont mesurés pour donner vie à des textes humoristiques. Ainsi, Henry Kemeny-Wodlinger a déclamé le monologue d’Harpagon tiré de L’Avare de Molière tandis que John Hensgen a interprété le monologue Le bonheur d’Yvon Deschamps.

Le concours d’art oratoire du Club Richelieu Toronto prend de plus en plus d’expansion. Cette année, 23 écoles ont été invitées à y participer et 430 élèves ont tenté leur chance, une augmentation considérable. Le nombre de commanditaires a lui aussi bondi, passant de 6 à 16. L’organisme s’est fixé pour objectif de faire passer le concours du statut d’événement torontois à celui d’événement d’envergure régionale, une ambition qui nécessite beaucoup de travail de ses membres mais qui donne manifestement des fruits.

Le comité organisateur était présidé, pour une deuxième année consécutive, par Monique Charron et comprenait également Denis Rioux et Colombe Beauregard. Ces Richelieu ont investi bien du temps et de l’énergie pour accroître la popularité de l’activité : « Ce qui arrive, c’est qu’on met beaucoup plus d’effort pour contacter les écoles, explique Mme Charron. Aussi, on parle beaucoup plus du concours, donc les commanditaires sont contents ».

De plus, dès l’année prochaine, une meilleure formation sera prodiguée en amont du concours pour préparer les élèves à livrer une performance plus efficace. D’autres innovations pourraient aussi voir le jour : « On veut avoir plus de catégories pour qu’il y ait davantage de jeunes qui participent », confie ainsi Monique Charron.

La mouture 2018 du concours a couronné quatre lauréats : Cristina Lyons, Anna Kravchenko, Sébastien Farnham et John Hensgen. Des prix en argent, en mentorat offert par le Groupe Théâtre Novo et des billets de théâtre leur ont été offerts tandis que les finalistes ont reçu des prix similaires mais moindres. Mais quelles que soient les récompenses obtenues, tous peuvent sans conteste être considérés comme des champions de l’art oratoire.

 

PHOTO : Entre Monique Charron, présidente du comité organisateur, et Denis Rioux, président du Club Richelieu Toronto, les participants à la finale montrent fièrement leur certificat. Premier rang : Sébastien Farnham, John Hensgen et Cristina Lyons; deuxième rang : Anna Kravchenko, Lima Hallak, Marème Diongue et Henry Kemeny-Wodlinger (absente : Ella Debaras)