Sur la musique du Sacre du printemps, des danseurs en filigrane décrivent des mouvements perpétuels. Dépouillés d’une grande partie de leur morphologie, les danseurs décrivent des arabesques et des mouvements perpétuels grâce à des particules versées dans les contours de leurs silhouettes. Sur un fond cosmique bleuté, les danseurs semblent emportés dans un voyage interstellaire. L’effet est surprenant et envoûtant.

Parmi les sept films présentés par l’Office national du film au Festival international du film de Toronto (TIFF), événement qui se déroule cette année du 4 au 14 septembre, figure en première mondiale CODA. Ce court métrage produit par l’ONF en collaboration avec FAKE studio est l’oeuvre des artistes québécois Martine Époque et Denis Poulin.
C’est le final du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky que les cinéastes ont choisi de porter cette fois à l’écran. Le célèbre compositeur russe écrivit ce ballet au début du siècle dernier. Dans cette œuvre majeure, on assiste au sacrifice d’une jeune fille pour faire plaisir au dieu du printemps.

« Le Sacre est une longue histoire d’amour pour Martine et moi-même. Nous nous sommes rencontrés dans les années 1980 alors que nous travaillions ensemble sur ce ballet, explique Denis Poulin. Nous l’avons montré par la suite aux Jeux olympiques de Calgary et en Chine.
Pour les besoins du film, Denis et Martine ont dû se résoudre à condenser le Sacre en un « coda » de seulement quelques minutes. Coda est un terme utilisé en musique ou en danse pour désigner une reprise des éléments principaux d’un morceau.

L’association de la danse à la technologie est également une longue histoire pour Denis et Martine. Cela fait maintenant 40 ans qu’ils ne cessent d’expérimenter avec des nouveaux outils. Au cours des années 1990, les deux artistes tentèrent de reproduire les mouvements des danseurs à l’aide d’ordinateurs. Jugeant le résultat trop caricatural, ils se tournèrent alors vers une technique qui se rapproche plus des mouvements réels des danseurs. Elle consiste à faire abstraction du corps et à verser des particules flottantes dans des personnages polygonaux. Ces particules entrent et sortent librement du corps des danseurs. Il en résulte une chorégraphie d’une très grande fluidité empreinte d’une qualité quasiment aquatique. 
Pour Denis Poulin et Martine Époque, présenter une œuvre au TIFF constitue un énorme coup de pouce dans leur carrière d’artistes.

« Tout à coup on parle d’un nouveau langage en danse. C’est bousculant de se sentir accompagnés par un organisme tel que l’Office national du film », reconnaît Denis Poulin.
CODA sera présenté au public du TIFF les 5 et 7 septembre.