Une marée de tentes blanches, toutes les mêmes. Un soleil implacable qui tambourine aux tempes. Des fumées des camions de tacos. Des crèmes glacées, des churros et de l’art. Chaque année, devant l’Hôtel de ville de Toronto, ces amoureux se donnent rendez-vous en plein air. Sur la dalle, ils se retrouvent, parlent, échangent. Depuis 53 ans, au début du mois de juillet, la place Nathan Phillips est l’endroit où il faut se montrer. Celui où tout se passe. Celui où sous les uniformes tentes blanches, la créativité bourgeonne. Une créativité inégale, évidemment. Pour dire vrai, dans ces foires d’art ouvertes à tous, la médiocrité est la norme plus que l’exception. Mais c’est sans doute pour le mieux, parce que cela permet de trouver les perles.

Certaines toiles de Dominique Prévost sont des perles. L’artiste peint à l’aquarelle, une technique rafraîchissante et douce qui laisse une grande place à l’imprévu. « L’aquarelle, c’est organique, dit-elle. Le mouvement naturel de l’eau a son importance. »

Son travail s’appuie beaucoup sur la couleur, la texture et les sensations. Prenez cette « petite ferme », par exemple, que l’on devine perdue dans les plaines. N’est-ce pas une sensation d’humidité d’après la pluie qui nous saisit?

L’art de Dominique Prévost est abstrait et personnel, c’est-à-dire que le spectateur y entre et y trouve un écho subjectif. En clair, nous voyons tous un tableau différent lorsque nous regardons un Dominique Prévost. 

Une chose ne change pas. L’immensité et l’espace. Familière du Nevada, Dominique Prévost a longtemps vécu dans le quartier des Beaches, à Toronto, au bord du lac, qu’elle contemplait tous les jours. « J’ai besoin de cet espace, mais aussi de ce bruit, de ce rythme non-mécanique, naturel, qui me met au diapason de ce qu’il y a de beau dans la vie », poursuit-elle.

Aujourd’hui à Oakville, Dominique Prévost continue de peindre, d’exposer et de créer. Elle vient de remporter un prix lors d’un évènement à Burlington, et elle se promène pour trouver l’inspiration, à l’écoute des rythmes non- mécaniques du temps qui passe : « Il y a beaucoup d’artistes qui se promènent avec des caméras. Moi, je garde les yeux ouverts. »

Photo : Dominique Prévost et ses oeuvres