En tournée aux États-Unis et au Canada, le groupe de surf-rock La Femme passe par Toronto le 24 octobre au Lee’s Palace pour présenter son deuxième album Mystère.
Si certains connaissent une traversée du désert au sein figuré, d’autres choisissent de la vivre au sens propre avec des effets aux antipodes. « On est arrivé à Josua Three, lâche le batteur Noé Delmas joint par téléphone. C’est surnaturel : on a traversé des dunes à perte de vue depuis la côte Ouest, pour arriver au milieu de nulle part et à côté de presque rien. »
Rien sauf le public. Après Mexico, Austin et Los Angeles, le sextuor français est à quelques heures de son prochain concert… « Les gens sont ultra fans de la pop parisienne, perçue comme chic, rebelle et rare. On n’entend pas de groupes chanter en français tous les jours dans cette contrée. »
Trois ans après sa première tournée internationale avec l’album Psycho Tropical Berlin qui l’a révélée au public, la jeune formation récompensée par une Victoire de la musique en 2014 dans la catégorie « Album révélation de l’année » savoure son retour outre-Atlantique.
« C’est un peu notre deuxième maison. On a noué des liens forts en Californie qui ont débouché sur des collaborations importantes donnant une teinte différente à nos titres », estime Sacha Got, cofondateur du groupe. Mixé à Los Angeles, Mystère sonne plus vrai selon lui : un tempo plus lent et des paroles plus réalistes, reflétant leurs voyages, leurs rencontres, leur vécu, avec cette étincelle « sixtysurf » omniprésente dès l’origine.
La Femme puise ses racines dans la rencontre de deux gamins passionnés de rock punk. Sacha Got (guitare) et Marlon Magné (clavier) vont étendre leur cercle musical en gagnant la capitale. À Paris, Marlon se lie d’amitié avec Sam Lefevre (basse) et Noé Delmas (batterie) au lycée. Recrutée sur internet, la Bretonne Clémence Quélennec (chant) complétera la bande quelque temps plus tard, avec Lucas Nunez Ritter (percussions et clavier), le dernier trublion.
Le décor est planté, le grand bain précipité lors d’un concert à Biarritz en 2010. « Je m’en souviendrai toute ma vie. Ce concert a été fondateur. Il a forgé notre cohésion autour d’un style dont nous n’étions pas encore très sûrs. C’est arrivé à un moment où les gens avaient envie d’entendre du rock des années 1960 remis à la page. On a su se réapproprier cet univers en le mélangeant dans un grand saladier punk et psychédélique. On a une chance inouïe et on en est tous conscients. On y pense tous les jours », assure Noé Delmas.
Le batteur se considère comme un métronome humain au milieu d’une bande de calmes dans la vie et de dingues sur la scène. « À six sur scène, ça peut vite partir en vrille. J’essaye de faire en sorte que tout le monde joue ensemble. Tout doit être droit et rythmé. »
Leurs textes simplistes, chantés en allongeant exagérément les syllabes comme dans le titre Où va le monde, semblent être écrits à la va-vite et plaqués sur des mélodies déjà entendues…
« C’est vachement travaillé, corrige Noé Delmas. Marlon et Sacha écrivent sur la musique et ensuite chacun apporte sa touche sur un brouillon qui évolue au fur et mesure, avant de réaliser les arrangements et les effets, il est vrai au feeling. La voix douce de Clémence sur le jeu énergique de Sacha et rond de Sam donne la sensation d’une seule et même personne qui s’offrira le luxe en 2016 de faire les premières parties des Red Hot Chili Peppers en Europe. Rien que ça.
« Ça fait partie de ces rencontres folles et improbables qui nourrissent notre parcours, ajoute Sacha Got. Tu peux te retrouver un jour à siroter un cocktail à côté de Marylin Manson et le lendemain jouer sur scène avec une artiste comme la siffleuse professionnelle Molly Lewis avec qui on vient d’enregistrer de nouveaux morceaux qu’on travaillera à notre retour en studio. »
Mais avant cela, place à la scène torontoise, le 24 octobre.
Photo (Maurice de la Falaise) : Sacha Got, Lucas Nunez-Ritter, Marlon Magné, Clémence Quélennec et Noé Delmas à Josua Three (Californie).