Faire de Toronto l’une des capitales des musiques du monde, le pari est-il trop ambitieux pour les organisateurs de concerts. Au total, 12 organisations de présentation se sont associées pour créer le projet Polyphonic Ground afin de diversifier l’industrie.
Pour le directeur artistique Alex Bordokas, la Ville reine a au contraire toutes les qualités pour attirer les musiciens du monde, notamment les francophones qui peuvent s’appuyer sur une communauté ouverte aux autres cultures. « On veut offrir une programmation plus éclectique, moins standardisée et le public francophone est très réceptif aux musiques minoritaires, un peu à tort étiquetées musiques du monde, dès lors qu’elles ne sont pas anglophones », explique-t-il.
« On travaille déjà tous chacun de notre côté avec des artistes bien implantés à Toronto et d’autres que l’on fait venir de l’étranger, selon nos domaines musicaux et géographiques de prédilection. En s’associant les uns aux autres, on veut amplifier notre action, diversifier l’industrie de la musique », poursuit Alex Bordokas dont le collectif, Uma Nota Culture, est spécialisé dans les musiques tropicales, de l’Afrique au Brésil en passant par les Caraïbes.
« Quand on parle de musique brésilienne, on pense tout de suite à la samba, mais en réalité il existe une multitude de styles au Brésil, comme partout ailleurs. La musique est diverse, y compris dans la langue utilisée. Le français est omniprésent dans la création musicale. C’est ce message que l’on veut faire passer en déconstruisant les stéréotypes de l’industrie et en mettant sur devant de la scène des groupes ethniques de tous horizons. »
L’initiative se concrétisera à partir de la rentrée par une série de concerts, chacun parrainé par une des 12 organisations de présentation, le deuxième jeudi de chaque mois. Le concert inaugural aura lieu le 14 septembre sur la scène du Revival Bar, à l’occasion du Small World Music Festival de Toronto. Le public y découvrira le groupe Grooz.
« C’est un projet né en Algérie que j’ai poursuivi au Québec », raconte le chanteur, bassiste et compositeur Abdel Benmedjebari. L’artiste venu du désert, qui a grandi dans une famille de musiciens s’est entouré de membres québécois et africains pour donner vie à des chansons mélangeant jazz, blues, reggae avec des rythmes du Sénégal. « Chacun a apporté sa touche, sa culture, sa vision. Ce qui a donné une richesse artistique qui a facilité la tâche et donné un résultat inespéré. »
Jusqu’ici cantonné au Québec, l’artiste algérien étend ainsi sa visibilité en se produisant à Toronto, grâce au projet Polyphonic Ground. « Je chante en français, en arabe et en anglais, mais la musique est pour moi l’outil premier pour transmettre, communiquer, partager, toucher les gens. Je suis à l’aise dans les trois langues. »
Avec Grooz, l’alternative Polyphonic Ground abat sa première carte.
Photo (AB) : le chanteur Abdel Benmedjebari s’est entouré de musiciens québécois pour donner vie au projet Grooz.