« Est-ce que l’ACFO a toujours raison d’être? Une question fondamentale. Il me semble qu’au moment où une radio communautaire se voit refuser de nouvelles ondes, que l’on accorde plutôt à une autre radio de rock anglophone, au moment où le maire abolit le Comité français de la Ville de Toronto, au moment où les programmes universitaires francophones sont insuffisants, au moment où les personnes âgées n’ont pas accès aux soins de longue durée, l’ACFO n’a jamais été aussi pertinente. » La tirade, claire, franche et nette est d’Alexandre Brassard, secrétaire de l’ACFO. Elle dit tout. L’ACFO se doit
d’exister.

Les ACFO sont des associations qui existent dans un certain nombre de villes de l’Ontario, notamment dans le sud de la province, qui délivrent des services en français et qui ont pour mission de rassembler les francophones. À Toronto, une myriade d’organismes proposent des services en français, chacun dans sa spécialité. L’ACFO de Toronto ne peut pas être la même qu’à London.

D’ailleurs, elle n’en aurait pas les moyens. Comme l’a indiqué le président de l’ACFO, Gilles Marchildon, l’association s’est vu refuser un certain nombre de subventions. Ce qui l’empêche par exemple, de se doter d’un coordinateur à plein temps. Cependant, cette absence de fonds ne devrait pas l’empêcher d’être active. « L’ACFO fonctionne grâce à un noyau de bénévoles », a indiqué le président de l’organisme.

Comme a l’habitude de dire Gilles Marchildon, l’absence de subventions garantit également une indépendance, essentielle à tout combat politique. D’ailleurs avec l’entrée dans le conseil d’administration du premier secrétaire de la section du Parti socialiste français à Toronto, Thomas Gallezot, la touche politique est marquée. Avec la fin du CFVT, c’est un espace politique qui s’ouvre pour l’ACFO. La mairie n’a en effet pour l’heure aucun contact avec la communauté francophone.

Cette dernière année pour l’ACFO a été celle du renouveau, avec la tenue du bisannuel Souper des nations Anouanze, ainsi qu’une formation en leadership communautaire. Cependant, son accomplissement le plus impressionnant s’est fait à l’ombre des colonnes de chiffres. Dans le sinueux des comptes. La situation financière est en effet maintenant presque redressée. C’est au vu de ce qu’elle était il y a quelques années que l’effort est remarquable.

Petit bémol cependant, l’absence d’avancée dans le dossier du « quartier francophone ». Un sondage a été réalisé en partenariat avec la radio CHOQ-FM, pour sonder la communauté à ce sujet il y a deux ans. Les données réunies sont détenues par CHOQ-FM, selon Gilles Marchildon, « une réunion conjointe a été prévue au mois d’août pour recevoir les résultats, mais elle a été reportée à la demande de la radio ». Et d’après Céline Saday, vice-présidente :
« les résultats n’ont pas été traités encore. CHOQ-FM est responsable du traitement des résultats du sondage et de les remettre à l’ACFO ». Ce serait donc du côté de la radio communautaire que le bât blesserait.

Photo : Des membres du conseil d’administration de l’ACFO Toronto. De gauche à droite : Carline Zamar, Céline Saday, Gilles Marchildon, Thomas Gallezot, Sylvie Lavoie, Alexandre Brassard, Marie Claire Kayitaré et Théthé Sungu Ndeko.