Il faut lire et relire le roman Louis Riel de Chester Brown, dont la version française est disponible, pour se rendre compte non seulement de l’épopée de ce chef Métis, mais surtout de sa vision. La vision de Louis Riel ressemble étrangement au Canada d’aujourd’hui. Un Canada qui garantit des droits linguistiques à ses minorités, qu’elles soient anglophones ou francophones. En ce qui concerne le Manitoba de l’époque de Riel, la minorité est clairement anglophone et la majorité est composée de Métis francophones. Cependant, Riel tenait à ce que son gouvernement soit composé à part égale de francophones et d’anglophones.
Pour avoir affirmé un peu trop fort les droits des Métis et s’être opposé au gouvernement fédéral, Riel fut pendu. Un matin froid de novembre. Loin de chez lui. Le 16 novembre 1885. « Une erreur majeure, faite par le Canada », selon le conseiller municipal Mike Layton, qui siège au comité autochtone de la Ville de Toronto, et qui était présent à la cérémonie du lever du drapeau.
La célébration a commencé par une très belle prière lue par la sénatrice Alice Kennedy qui a remercié le grand esprit et qui a déclaré à propos du peuple métis : « Nous ne sommes pas la moitié de quoi que ce soit, nous sommes le double de tout. »
« Dans les premières années de la célébration, il y a 13 ans, tout avait lieu dehors, dès 6 heures du matin », se souvient France Picotte, vice-présidente de la nation métisse de l’Ontario, qui savoure le fait de pouvoir se rassembler avec ses amis métis pour hisser le drapeau.
Rita Keon est Métisse et Acadienne. Cela fait 16 ans qu’elle vit à Toronto, où elle est venue pour étudier la mode. Cette célébration du 16 novembre, était pour elle « une chance de voir ses amis, de parler le même vieux français, dans une ambiance informelle. Nous autres, nous aimons danser, manger et chanter! » Car la journée continue à Queen’s Park, suivie par un banquet métis.
À ses côtés, Gaston Maurice représente les pompiers de Toronto. Louis Riel fait partie de son héritage culturel, puisque son père a toujours été fasciné par le personnage. « Un des premiers à se battre pour les droits des Métis », dit-il.
Au cours de la cérémonie, Rebecca Cuddy, une jeune métisse a interprété un vieux chant guerrier, La Grenouillère. Depuis quelques années, elle redécouvre et fait découvrir le patrimoine immatériel métis, et en particulier les poèmes de Malcolm Forsythe, et ceux d’innombrables poètes restés dans l’anonymat.
Le drapeau métis fut levé. Deux cercles entremêlés, qui forment le signe de l’infini, sur fond bleu. Deux peuples, les Européens et les Aborigènes se sont mélangés pour ne faire qu’un, pour toujours.
Photo : De gauche à droite : Robert Bird, président des Métis de Toronto, France Picotte, vice-présidente de la nation métisse de l’Ontario, Mike Layton, conseiller municipal, et Alice Kennedy, sénatrice de la nation métisse.