La victoire triomphale de Philippe Couillard et de son parti aux élections québécoises pourrait avoir des conséquences jusqu’en Ontario. Une aubaine pour Kathleen Wynne qui peut trouver là un allié de poids, principalement en cas de difficulté au printemps, au moment de déposer le budget.

La première ministre de la province s’est par ailleurs empressée de féliciter le nouveau dirigeant du Québec avant d’appeler à poursuivre leurs bonnes relations entre voisins. Cela annonce-t-il une nouvelle ère pour l’est du Canada, avec une collaboration politique et économique intensive? L’annonce de Kathleen Wynne d’appeler son nouvel 

homologue, pour lui demander de remettre en marche les réunions du cabinet Québec-Ontario, augure du meilleur pour l’avenir. Pour mémoire, c’était sous la direction du précédent gouvernement libéral de la Belle province, celui de Jean Charest, que ce dispositif avait été mis en place, conjointement avec Dalton McGuinty, l’ancien leader du Parti libéral de l’Ontario. Il s’agissait là d’un âge d’or selon Alexandre Brassard Desjardins, directeur à la recherche de Glendon et enseignant en science politique. « Tous deux sont bilingues, d’ascendance irlandaise et issus d’une même tendance politique, dit-il. Il y a beaucoup de ressemblances entre Charest et McGuinty. » Entre Philippe Couillard et Kathleen Wynne, même si cela semble moins flagrant, des similitudes sont bel et bien là. « Ils sont plus proches qu’auparavant. Le gouvernement souverainiste rendait les choses plus difficiles, même si la coopération était réelle, ajoute M. Brassard Desjardins. Ce qui les rapproche en premier lieu  ce sont les controverses sur l’éthique. Mme Wynne avec l’affaire des centrales au gaz, et M. Couillard avec le placement de fonds dans un paradis fiscal. » Ensuite, les deux dirigeants croient au fédéralisme, un point de convergence important. « La question des Franco-Ontariens est également déterminante, affirme-t-il. Ils sont contents d’en finir avec l’idée de séparation du Québec. Ils n’ont pas envie de devenir encore plus minoritaires dans un pays où ils sont déjà minoritaires. »

Tout en souhaitant que leurs politiques « soient compatibles », Mme Wynne se place en partenaire naturel de la nouvelle majorité et se moque ouvertement (et en français) de la charte des valeurs, voulue par la grande perdante de ces élections, la dirigeante du Parti québécois Pauline Marois. Regrettant malgré tout l’absence d’un membre féminin dans les plus hautes instances de la vie politique canadienne, elle lui adresse à titre personnel un message de sympathie. 

La chef de file ontarienne voit désormais dans les futurs échanges entre les deux provinces l’occasion de construire de nouvelles infrastructures en commun. « Des projets tels que la Porte des Amériques ou encore le vieux rêve d’un TGV entre Montréal et Toronto pourraient revenir », conclut M. Alexandre Brassard Desjardins. Mais au-delà des mots et des espérances, les décisions de ces prochains mois pourraient être déterminantes pour les deux camps.

Des résultats d’élections prometteurs pour les relations interprovinciales, qui pourraient voir émerger des projets d’envergure et, pourquoi pas, l’avènement d’un nouvel âge d’or entre le Québec et l’Ontario.