Le Labo a organisé, le samedi 13 mai, une causerie avec l’artiste québécoise Anne-Marie Proulx qui présente AIMINANU (mot innu, signifiant «  une conversation est en cours ») à la galerie YYZ à Toronto.
Au cours de cette rencontre bilingue, l’artiste a évoqué plusieurs de ces projets qui l’ont fait voyager des Îles-de-la-Madeleine à la Côte-Nord. Elle parle d’abord de sa volonté d’avoir écrit deux présentations distinctes. Celle écrite en anglais n’est pas la traduction littérale de la version française. La partie française est pensée en fonction de la langue comme quelque chose qui est proche de l’appartenance, qui « nous relie à des lieux, à des gens », indique Anne-Marie Proulx.
Le concept de l’appartenance et de la réflexion du temps est vraiment récurrent dans son travail créatif. Elle commence sa présentation par parler de son lieu d’origine. Pour elle, c’est très important dans le contexte du projet AIMINANU. Originaire de Lévis, en face de Québec, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, elle ressent une appartenance assez importante au
fleuve, qui « fait partie de sa famille ».
Pour l’artiste, « l’appartenance est quelque chose qui est en mouvement, qui bouge, qui vous emmène quelque part ». C’est pour cela que ses réalisations sont souvent « dans le déplacement, en voyage, en exploration de lieu ».
Anne-Marie Proulx est une passionnée qui s’investit énormément dans ses projets tels que Archipel, réalisé aux Îles-de-la-Madeleine, et qui lui a donné l’occasion de réfléchir sur la notion d’insularité, d’éloignement. Elle s’est intéressée à la façon dont vivent les insulaires. Et pour ce faire, elle a photographié des minéraux, métaphores de la communauté et du territoire.
Aux Îles-de-la-Madeleine, elle s’est également consacrée à un autre projet, qui n’a jamais pris forme où elle a demandé à des personnes de dessiner de mémoire les îles. Elle s’est rendu compte que chaque dessin était différent. C’est cette démarche qui l’a amenée à s’intéresser à cette notion d’appartenance à un territoire.
Mme Proulx est ensuite allée en résidence d’artiste au centre PANACHE Art Actuel sur la Côte-Nord où elle a commencé AIMINANU et a continué à faire des recherches sur « cette notion d’appartenance au lieu ». Le point de départ de cette recherche fut de s’intéresser à l’exploitation des ressources naturelles, qui est pour elle une « forme d’appropriation assez brutale ». Les Innus ont été affectés par l’exploitation de ces ressources naturelles, ce qui leur a fait perdre beaucoup de leurs territoires (le Nitassinan).
Le projet AIMINANU est avant tout une conversation, entre la langue innue et le français, et c’est pour cela qu’elle s’est entretenue avec Mathias Mark, lui-même Innu. Au cours de leurs conversations, Mathias parle de la rivière, sorte de rencontre entre l’eau douce et l’eau salée. Un symbole fort de la rencontre entre les Innus et les Européens qui sont arrivés par l’océan (eau salée).
La conversation se poursuit jusqu’au 8 juillet au 401, av. Richmond – salle 140.

Photo : l’artiste québécoise Anne-Marie Proulx.