Par l’entremise de sa meilleure amie Mireille, des prétendants de tout poil se sont pressés le vendredi 28 avril à la porte de la jeune et charmante Liliane : Jean-Pierre le voyou impulsif fuyant l’engagement, Marc-André l’écolo fleur bleue perché, Richard le plombier gougeât et misogyne, Michel l’avocat bègue timide à en vomir, Luc le collègue de travail encombrant, Martin le charismatique aventurier et… le public!
Les amoureux du théâtre sont venus nombreux, à l’école secondaire Étienne-Brûlé, assister à la comédie de Carole Tremblay, Jeune femme cherche homme désespérément, mise en scène par l’incontournable enseignant Luc Bernier. Et le coup de foudre ne s’est pas fait attendre! Le jeu des jeunes acteurs habillés par Julie Nadia Rancourt dans un décor réaliste signé Charles Sanders, très justement mis en valeur par l’éclairage de Michael Brunet, a fait son œuvre.
« Dès les premiers instants, je me suis sentie, non pas au théâtre, mais dans un loft confortable, attendant mes rendez-vous galants, glisse cette spectatrice enchantée à la sortie du spectacle. Elle veut absolument rencontrer les comédiens, sept élèves de 11e année passionnés de théâtre, à l’image d’Isabel Gelfand. Incarnant avec brio le personnage entreprenant et persuasif de Mireille, la comédienne a tenté l’impossible pour trouver à Yasamin Rowshan, alias Liliane, un « BH » aux yeux « BR » (comprenez un bel homme aux yeux bruns). Et la tâche ne fut pas aisée!
Désabusée, ne croyant plus à l’âme sœur, la trentenaire célibataire a quand même cédé aux exhortations de son amie, instigatrice d’une série de rendez-vous pleins de surprises, pour le plus grand bonheur du public. De répliques tordantes en portes qui claquent, le chassé-croisé hilarant de caricatures masculines aux antipodes les unes des autres a entraîné les deux copines dans une inextricable spirale du mensonge et du quiproquo, au cœur d’un festival de comique de situation.
« C’est vraiment stimulant de jouer devant un public adulte car les codes ne sont pas les mêmes que devant les plus jeunes, lorsque nous avons joué la pièce dans les écoles. On doit rester concentré sur notre personnage, tout en s’adaptant à un public plus exigeant sur les textes », a confié Isabel Gelfand, une fois le rideau tombé. Talentueuse et débordante d’assurance devant les projecteurs, la jeune femme, qui s’est aussi occupé du maquillage de ses partenaires de scène, est tout autant fascinée par l’arrière-production. Un travail dans l’ombre colossal et une vocation qu’elle compte développer à l’université Concordia.
« JP », faux-dur et roi des pingres, était bien le seul à croire en ses chances. Ameen Saghattchi a pris un plaisir immense à jouer ce personnage rustre et collant, emporté dans un tourbillon de malentendus. « C’est la deuxième fois que je jouais ce personnage. Même si j’étais mieux préparé, c’est toujours stressant, surtout devant un public où l’on peut rencontrer des professionnels. Je suis plus à l’aise avec la comédie car elle résonne avec la vie de tous les jours. Je rentre plus facilement dans le personnage, avoue-t-il. Dans cette industrie difficile qu’est le théâtre, on a la chance d’avoir Luc Bernier. Il nous fait prendre conscience que c’est un rêve accessible ». Un avis partagé par les autres comédiens : Ilias Milanovic, Nicholas Hudescu, Tobias Pivato et Abdoulaye Bah. Brillants!
En orchestrant cette 22e édition, l’enseignant a, une nouvelle fois, allumé l’étincelle dans le cœur d’un public désespérément fou d’amour pour son théâtre.
Photos (Estreya Cohen) : Isabel Gelfand (Mireille) aux prises avec Ameen Saghattchi (JP). Abdoulaye Bah (Luc) tente sa chance auprès de Yasamin Rowshan (Liliane). Les sept comédiens ovationnés.