Au fur et à mesure que la société ontarienne changeait, la littérature franco-ontarienne s’est elle aussi diversifiée, pour ne pas dire colorée. Alors que jusqu’aux années 1990, les auteurs franco-ontariens « de souche » abordaient les thèmes tels que l’identité et l’espace francophone, l’arrivée d’écrivains venus d’ailleurs et notamment d’Afrique au cours des 20 dernières années a apporté des nouvelles cultures, des expériences variées et une vision différente.
Quelles sont les difficultés que rencontrent ces auteurs et auteures issus de cette mosaïque culturelle en plein épanouissement? Ce fut la question à laquelle tentèrent de répondre cinq auteurs franco-ontariens lors d’une table ronde organisée par le Conseil des arts de l’Ontario (CAO) au cours du récent Salon du livre de Toronto.
L’auteur Jean Fahmy (Prix Trillium 2009), la romancière, enseignante et politicienne Monia Mazigh, la poète, journaliste et critique littéraire Angèle Bassolé, Aristote Kavungu (finaliste du Prix Hébert 2001) et Melchior Mbonimpa (finaliste du Prix Trillium 2009) partagèrent pendant plus d’une heure leurs expériences en tant qu’auteurs, racontant à la fois leurs succès et les difficultés qu’ils ont rencontrées.
Conscients qu’il n’existe pas réellement de recette pour se faire remarquer, les invités livrèrent néanmoins quelques conseils à la trentaine de personnes présentes. Premier ingrédient essentiel pour avoir une chance d’être publié : avoir écrit un bon livre. Par la suite, il s’agit de ne pas se décourager et faire preuve d’humilité devant des refus pouvant émaner de plusieurs maisons d’éditions. Quand bien même qu’on soit convaincu d’avoir fini d’écrire un véritable chef-d’œuvre, il est toutefois conseillé de le faire lire par des amis qui s’y connaissent afin de bénéficier de quelques critiques. Un des panélistes rappela que même Anne Hébert, Marcel Proust et Marguerite Duras essuyèrent eux aussi des refus avant d’atteindre la consécration. Quand on constate que quelque 1500 auteurs étaient présents au dernier Salon du livre de Montréal, on se rend alors compte qu’il est difficile de faire une percée au sein d’un milieu extrêmement compétitif.
Être différent n’est pas nécessairement un obstacle puisque la majorité des auteurs révélèrent que bon nombre de leurs lecteurs ne sont pas des immigrants. Confortés par leur succès, ils sont plus que jamais persuadés que leur histoire mérite d’être racontée et qu’elle intéresse la population ontarienne.
« On est là et on partage l’espace avec les autres », affirmait pour conclure Angèle Bassolé.
Photo : De gauche à droite: Aristote Kavungu, Monia Mazigh, Jean Fahmy, Melchior Mbonimpa et Angèle Bassolé